Le flou entourant le déploiement de Casques bleus reste entier. Justin Trudeau ayant refusé mercredi d'indiquer si le Canada dévoilera les contours de son programme avant ou pendant le sommet international sur les opérations de paix dont il sera l'hôte en novembre prochain.

Le premier ministre a été invité à se prononcer sur le sujet après que son ministre de la Défense, Harjit Sajjan, eut affirmé qu'il faudrait encore attendre pour savoir où et quand le Canada compte déployer les soldats promis en appui à des opérations de paix sous l'égide des Nations unies.

Justin Trudeau a réaffirmé son intention de respecter l'engagement libéral en plaidant, comme il l'a fait à maintes reprises, que la décision de déployer des troupes canadiennes en zone de conflit à l'étranger n'était pas de celles qu'un gouvernement pouvait prendre à la légère.

«C'est une promesse que nous avons faite aux Canadiens et au monde. Nous sommes sérieux dans notre volonté nous réengager dans les opérations de paix des Nations unies», a-t-il exposé en point de presse à l'issue de la rencontre de son cabinet à Terre-Neuve.

Il est toutefois indéniable que le gouvernement tarde à livrer cette promesse formulée en campagne électorale.

Le programme avait été annoncé en grande pompe en août dernier par quatre ministres du gouvernement Trudeau, et près de deux ans après que le premier ministre eut claironné que le Canada était «de retour» sur la scène internationale.

Le ministre Sajjan a multiplié ces derniers mois les arguments pour justifier le report de la matérialisation du plan - le changement à la tête des Nations unies ou encore l'élection de Donald Trump aux États-Unis, entre autres.

Son attachée de presse, Jordan Owens, n'a pas voulu dire si les détails pourraient être dévoilés avant ou pendant la réunion des ministres de la Défense des pays participants aux missions de paix de l'ONU, qui se tiendra les 14 et 15 novembre à Vancouver.

Le réengagement canadien dans les opérations de paix fait partie de la stratégie orchestrée en vue de la reconquête d'un siège au Conseil de sécurité de l'organisation internationale pour un éventuel mandat de deux ans qui commencerait en 2021.

Le Canada, en retrouvant une place à la table, pourra véhiculer un message positif, a plaidé mercredi le premier ministre Trudeau.

«Tout le monde sait bien que d'avoir une voix plus forte à l'ONU, au Conseil de sécurité, c'est une belle façon de contrer beaucoup des voix autoritaires, ou populistes, ou qui prônent la division, la peur ou le retournement vers l'intérieur», a-t-il fait valoir.

Le gouvernement libéral s'est engagé à allonger 450 millions de dollars sur trois ans pour déployer jusqu'à 600 membres des Forces armées canadiennes et 150 policiers dans des opérations de paix onusiennes.

Selon le porte-parole de l'opposition officielle en matière de Défense, James Bezan, la lenteur des libéraux à concrétiser cette promesse démontre «leur mauvaise gestion de ce dossier». Et elle risque de froisser ses partenaires internationaux, croit-il.

«Un gouvernement conservateur n'aurait jamais envoyé de signaux mitigés à nos alliés internationaux et aux Canadiens au sujet de nos engagements internationaux», a-t-il soutenu dans une déclaration écrite.

La porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d'affaires étrangères, la députée Hélène Laverdière, n'avait pas non plus de félicitations à faire au gouvernement, mercredi.

«Un nouveau report serait inacceptable et embarrassant (...) Clairement, le Canada ne fait pas sa part sur le plan international, et de toute évidence, cela déçoit nos alliés qui contribuent aux opérations de paix de l'ONU», a-t-elle affirmé dans une déclaration écrite.

La question sera sans doute abordée à New York, la semaine prochaine, à l'ouverture de la 72e session de l'Assemblée générale des Nations unies - un événement auquel prendra part le premier ministre Justin Trudeau en compagnie d'une délégation canadienne.

Le premier ministre prendra la parole devant l'Assemblée générale le 21 septembre.