Le maire d'une petite ville de la côte sud du Labrador est tellement remonté par l'état déplorable de la route qu'il évoque ouvertement la sécession de sa municipalité et son adhésion au Québec.

Hedley Ryland, maire de L'Anse-au-Loup, à Terre-Neuve-et-Labrador, a aussi apporté son soutien aux diverses manifestations citoyennes, notamment celles de lundi devant le centre d'entretien des routes de sa localité et devant le bureau de comté du député provincial.

Selon le maire Ryland, il y a tellement de nids-de-poule sur cette section de 44 kilomètres qu'il est trop dangereux d'y circuler la nuit ou par brouillard, et les garagistes font des affaires d'or en réparation de pneus crevés, de jantes déformées et d'amortisseurs amochés. Ce seraient les camions lourds qui circulent en direction du projet hydroélectrique de Muskrat Falls qui auraient endommagé à ce point la route Trans-Labrador, selon lui.

Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador avait promis de réparer une section de onze kilomètres. Mais le maire de cette localité de 700 habitants soutient que les manifestations ne s'arrêteront pas tant que le premier ministre Dwight Ball n'acceptera pas de faire remplir aussi les nids-de-poule sur la section de 20 kilomètres qui va de la frontière québécoise, à Blanc-Sablon, jusqu'à L'Anse-au-Loup.

Le maire Ryland serait favorable à ce que sa ville se sépare de Terre-Neuve-et-Labrador et joigne le Québec, dont la route 138 est selon lui en bien meilleure condition. De toute façon, plaide-t-il, les résidants de L'Anse-au-Loup viennent déjà au Québec pour recevoir leurs soins de santé et faire leurs courses à Blanc-Sablon, à une trentaine de kilomètres à l'ouest.

Une centaine de résidants de L'Anse-au-Loup ont manifesté en fin de semaine sur la route 510, près de la frontière avec le Québec, soutient le maire Ryland. Ils ont ralenti le passage des véhicules commerciaux, sous le regard impassible des policiers.

«Ce n'est qu'un début: nous continuerons tant que nous n'aurons pas obtenu de réponses satisfaisantes», promet le maire, dans une entrevue accordée lundi à La Presse canadienne. «Nous allons embaucher des constitutionnalistes et nous irons à Ottawa.»

Le maire Ryland, qui a passé les 60 années de sa vie à L'Anse-au-Loup, rappelle que le gouvernement a élaboré un plan quinquennal pour paver la route Trans-Labrador de la frontière du Québec jusqu'à Happy Valley-Goose Bay - une distance de plus de 600 kilomètres. Mais on ignore à quel moment ce projet sera mis en branle.

Si rien n'est fait d'ici septembre, le maire Ryland prévient que les autobus d'écoliers ne pourront pas emprunter la route 510 dans sa région, pour des raisons de sécurité.

Photo Angela Fowler, La Presse canadienne

Une centaine de résidants de L'Anse-au-Loup ont manifesté en fin de semaine sur la route 510, près de la frontière avec le Québec.