La ville de Montréal a réussi à damer le pion à deux autres villes canadiennes - Toronto et Ottawa - dans la campagne en coulisses pour entendre l'ancien président des États-Unis Barack Obama discourir sur les grands enjeux qui confrontent la planète après son départ de la Maison-Blanche.

Et si Montréal a eu le dessus sur les autres villes, c'est grâce à l'intervention du premier ministre Justin Trudeau, a appris La Presse.

Depuis qu'il a quitté la Maison-Blanche, en janvier, l'ancien président des États-Unis Barack Obama a reçu plus d'une invitation pour prononcer un discours au Canada.

Des organisations bien en vue de Toronto, d'Ottawa et de Montréal l'ont courtisé avec insistance. Le 44président des États-Unis a finalement accepté l'invitation de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), après avoir sollicité par personnes interposées les conseils et avis de celui qu'il considère comme un ami, le premier ministre Justin Trudeau.

Barack Obama sera donc à Montréal le 6 juin afin de prononcer un discours fort attendu alors que les relations entre le Canada et les États-Unis sont loin d'être au beau fixe, l'administration Trump ayant décidé d'imposer des droits compensatoires sur les exportations canadiennes de bois d'oeuvre et ayant exprimé l'intention de renégocier, voire de déchirer l'Accord de libre-échange nord-américain.

Même s'il a quitté ses fonctions il y a près de quatre mois, M. Obama maintient des canaux de communication avec Justin Trudeau par l'entremise de son entourage, entre autres.

«L'équipe de M. Obama a communiqué avec nous pour savoir laquelle, parmi les trois invitations qu'il avait reçues, il devrait accepter. Le premier ministre lui a fait savoir qu'il voulait certainement qu'il vienne dans sa ville, Montréal. Nous les avons donc dirigés vers les gens de Montréal pour faire les arrangements, parce que c'est la ville du premier ministre», a indiqué une source bien au fait des tractations.

Quant à la présence du premier ministre Trudeau lui-même au discours de M. Obama, rien n'est encore confirmé. «Comme vous pouvez l'imaginer, c'est une question assez délicate. Par contre, il va certainement y avoir des ministres qui vont y aller», a laissé tomber notre source, faisant allusion au comportement imprévisible du président Donald Trump.

«Chose certaine, je suis convaincu que tout le monde va être intéressé à ce qu'il va dire. C'est un orateur hors pair», a-t-on ajouté.

Un ex-président actif

Depuis qu'il a quitté la présidence, Barack Obama s'était imposé un devoir de réserve. Mais il a commencé à reprendre le flambeau au cours des dernières semaines en prononçant quelques discours pour soutenir certaines causes. Récemment, il s'est aussi activé à freiner l'élan du populisme qui a mené au Brexit en Europe et à la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle en donnant ouvertement son appui à Emmanuel Macron dans la course à la présidence française.

La semaine dernière, l'ex-président s'est porté à la défense de l'accord de Paris sur les changements climatiques et il a aussi défendu sa réforme de l'assurance maladie aux États-Unis, également connue sous le nom d'Obamacare.

Quel sera le fil conducteur du discours de l'ancien président? Cette question élude encore les principaux organisateurs. Mais les billets pour assister à l'événement se sont envolés comme des petits pains chauds. L'événement a affiché complet en quelque 15 minutes seulement, a annoncé la semaine dernière la Chambre de commerce du Montréal métropolitain sur Twitter. «Vous avez été nombreux à vouloir assister à l'allocution du Président Obama. L'événement est désormais complet. Merci de votre intérêt.» Le prix des billets oscillait entre 57 et 373 $.

La CCMM a accueilli d'autres invités de marque dans le passé, notamment le président français Nicolas Sarkozy, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, le premier ministre français Manuel Valls, le président américain Bill Clinton, l'ex-maire de New York Rudolph Giuliani, le président russe Mikhaïl Gorbatchev, le gouverneur de la Californie Arnold Schwarzenegger, le premier ministre britannique Tony Blair et le président américain George W. Bush.