Ottawa a imposé cette semaine des mesures sécurité accrues dans les avions à destination du Canada, en provenance d'un certain nombre de pays. Le ministre des Transports Marc Garneau refuse toutefois de préciser si ce resserrement découle d'une menace spécifique, ni quels États sont visés.

«J'ai décidé très récemment de mettre en place des mesures additionnelles pour certains vols qui viennent au Canada, de certains aéroports à l'étranger, pour assurer une plus grande sécurité aérienne, a déclaré M. Garneau, hier, pendant un point de presse. C'est quelque chose que nous faisons de temps en temps, et depuis des années.»

Les pays visés par ce resserrement se trouvent sur «plusieurs continents», a indiqué le ministre, sans toutefois préciser le nombre d'États touchés. Ottawa a pris cette décision «dans les semaines récentes» après avoir réalisé des analyses et des consultations avec différents partenaires du Canada, a-t-il ajouté.

Après Washington

La semaine dernière, le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, John Kelly, a indiqué que Washington pourrait bientôt bannir les ordinateurs portables dans les vols à destination des États-Unis en provenance d'un certain nombre de pays. Cette mesure découle d'une «véritable» menace.

Washington a déjà fait un premier pas en ce sens le mois dernier en interdisant tous les appareils électroniques plus grands qu'un téléphone dans les cabines des avions en provenance de huit pays musulmans, dont la Jordanie, l'Égypte, l'Arabie saoudite et le Maroc. Londres a vite suivi, et Marc Garneau avait dit examiner la possibilité d'emboîter le pas aux États-Unis, ce qu'il semble avoir fait cette semaine.

Le Canada ne compte pas interdire pour le moment les ordinateurs portables dans les cabines des avions, mais le ministre des Transports a dit que son gouvernement continuerait de suivre de près la situation. «Si des mesures additionnelles doivent être prises à un certain moment, nous les prendrons.»

«Cachotteries»

Le critique conservateur en matière de sécurité publique, Tony Clement, a accusé le gouvernement libéral de faire des «cachotteries» en ne révélant pas tous les détails dans cette affaire.

«C'est impossible pour les passagers de savoir à quoi s'attendre si le gouvernement n'est pas honnête avec eux, a-t-il lancé pendant un point de presse. Est-ce une forme de rectitude politique? Est-ce que cela implique des pays musulmans, mais ils ne veulent pas le dire?»

Cette annonce mystérieuse d'Ottawa survient peu après un incident fort médiatisé aux États-Unis, où un passager de United Airlines a été retiré de force d'un avion. L'affaire a fait scandale dans le monde entier, et relancé les débats sur le projet de charte des droits des passagers que le ministre Garneau a annoncé en novembre dernier.

Le Nouveau Parti démocratique l'a pressé hier d'adopter cette charte au plus vite. «Il faut faire passer la sécurité et les droits des voyageurs avant les intérêts des compagnies aériennes, et nous croyons que les Canadiens ont assez attendu», a fait valoir le député Brian Masse.

Marc Garneau a réitéré son intention de mettre en place cette charte en 2018.