Les quatre aspirants chefs du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont débattu à Montréal sur les enjeux de la jeunesse, dimanche, et comme ce fut le cas à Ottawa la semaine dernière, peu de lignes de démarcation semblaient se tracer entre les candidats.

Cette deuxième joute est demeurée cordiale: il n'y a pas eu d'attaques, de pièges, ou d'échanges acrimonieux. Mais selon les candidats, il est encore tôt dans la campagne et des différences d'opinions sur les politiques devraient apparaître prochainement, même s'ils partagent la même philosophie.

La course à la direction du NPD n'en est qu'à ses balbutiements. L'appel de candidatures est toujours ouvert; les aspirants chefs ont jusqu'au 3 juillet pour postuler. Le prochain chef ne sera connu qu'en octobre.

«Notre priorité est de renouveler le parti ensemble. Mais en septembre, il y aura des différences et les positions seront devenues très claires entre les candidats», a expliqué Charlie Angus, député ontarien, en mêlée de presse après le débat.

«Je pense que si le monde écoute un peu plus (attentivement), on peut voir une différence», a ajouté Niki Ashton, députée du Manitoba.

Déjà, le député québécois Guy Caron semble se distinguer de ses collègues sur la question des frais de scolarité pour les études postsecondaires. Peter Julian, de la Colombie-Britannique, Mme Ashton et M. Angus se sont prononcés en faveur de leur abolition, mais M. Caron semble vouloir davantage se concentrer sur les frais de subsistance.

«J'insiste sur l'idée du revenu de base, ça va venir compléter et diminuer la dépendance aux prêts étudiants», a-t-il expliqué alors qu'il échangeait avec Niki Ashton.

En point de presse, M. Caron a souligné que les étudiants devaient aussi payer un loyer, de la nourriture, des livres - ce qui représente des coûts beaucoup plus élevés que les frais de scolarité, selon lui.

«Moi, ce que je propose avec le revenu de base, qui va être disponible aux étudiants, c'est de pouvoir assurer une minimisation de leur endettement en s'assurant d'abord et avant tout qu'ils puissent utiliser ce revenu pour subvenir à leur besoin», a-t-il expliqué, ajoutant qu'il s'agissait d'une compétence provinciale.

M. Julian n'anticipe pas de conflit avec les provinces sur ce front. «Je pense que ça va être bien reçu. Et si le Québec ou d'autres provinces décidaient que non, elles ne veulent pas faire ça, je pense qu'il y aura une pression de la base (dans ces provinces)», a-t-il soutenu.

Peter Julian estime par ailleurs qu'il se démarque de ses adversaires par son opposition sans équivoque à tout projet d'oléoduc, dont le litigieux projet Énergie-Est.

«On est la seule campagne qui a dit ça clairement. Ce n'est pas une question de processus, ou s'il y a acceptation sociale, c'est de dire non étant donné l'impact sur les changements climatiques», a-t-il indiqué.

Front commun contre le gouvernement Trudeau

Parmi les autres sujets abordés lors du débat, il y avait la légalisation de la marijuana, qui a donné lieu à plusieurs attaques contre le premier ministre Justin Trudeau.

«C'est l'une des promesses où les libéraux ont certainement menti. Plusieurs jeunes, des jeunes de mon âge ont voté pour eux parce qu'ils promettaient de légaliser la marijuana. Et là, non seulement ils sont passés à autre chose, ils continuent de criminaliser notre génération», a tonné Mme Ashton.

Les néo-démocrates ont aussi dénoncé la précarité des emplois pour les jeunes.

«La précarité dans l'emploi, ce n'est pas normal», a martelé Charlie Angus, reprochant au ministre des Finances, Bill Morneau, d'avoir déclaré que les jeunes devaient s'habituer à la précarité.

Sur l'environnement, le bilan du gouvernement Trudeau a aussi été décrié par les quatre candidats.

«On a des obligations internationales pour diminuer la production de gaz à effet de serre», a affirmé M. Angus, accusant Justin Trudeau «d'avoir fait semblant d'être un écologiste» pendant la campagne électorale.

Les néo-démocrates ont aussi échangé sur la situation du déficit au pays, les conditions des Autochtones et la loi antiterroriste adoptée sous l'ancien gouvernement Harper que le gouvernement Trudeau n'a pas encore modifiée.

Les quatre candidats souhaitent succéder à Thomas Mulcair, qui s'est fait montrer la porte par ses membres l'an dernier après les résultats électoraux décevants de l'automne 2015.

Plusieurs autres débats sont prévus prochainement à Sudbury, Halifax, Saskatoon, puis à Vancouver.