L'homme d'affaires Kevin O'Leary devrait faire de la politique provinciale s'il veut en découdre avec des premiers ministres de certaines provinces au lieu de briguer la direction du Parti conservateur, estime le député conservateur Maxime Bernier.

M. Bernier, qui est aussi dans la course pour succéder à Stephen Harper à la tête du Parti conservateur, croit que M. O'Leary fait fausse route en cherchant noise à Kathleen Wynne en Ontario ou au premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Stephen McNeil. D'autant plus que le premier ministre Justin Trudeau est celui que le Parti conservateur doit vaincre aux prochaines élections prévues en octobre 2019.

« M. O'Leary fait preuve d'un manque flagrant de connaissance de la constitution canadienne. Il fait actuellement de la politique au niveau provincial en critiquant les premiers ministres des provinces. Notre opposant, ce ne sont pas les premiers ministres des provinces. C'est Justin Trudeau et il faut respecter la constitution canadienne. Il ne semble pas comprendre la division des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les provinces », a soutenu M. Bernier, rappeler que la gestion des ressources naturelles relève des provinces.

« Les premiers ministres des provinces peuvent avoir des politiques qui sont néfastes pour leur économie. Mais ces premiers ministres vont être responsables devant leur électorat. Je ne vois pas un premier ministre canadien qui va faire comme les libéraux et dire aux premiers ministres des provinces quoi faire dans leurs propres champs de compétence. Ça, c'est le début de chicane constitutionnelle et ce n'est pas cela qu'on veut. On veut que le gouvernement fédéral s'occupe de l'économie », a-t-il ajouté dans une entrevue à La Presse.

M. Bernier a ainsi réagi aux propos de M. O'Leary qui a affirmé, dans une entrevue à La Presse, avoir l'intention de faire la vie dure à quiconque s'opposera à des projets créateurs d'emplois ou qui proposent des mesures qu'il juge néfastes à l'économie comme une taxe sur le carbone.

Il a d'ailleurs déjà commencé à le faire en s'en prenant sans ménagement à la première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, et au premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Stephen McNeil, par le biais de lettres sur sa page Facebook, qui compte de nombreux abonnés. « Je peux parler directement à des millions de Canadiens chaque semaine grâce aux médias sociaux », a affirmé M. O'Leary, la vedette de l'émission Shark Tank aux États-Unis.

Mme Wynne a été traitée « d'incompétente » par M. O'Leary pour avoir fait bondir la dette accumulée de l'Ontario à 300 milliards de dollars, entre autres choses. Il a aussi mis Mme Wynne au défi de déclencher des élections immédiatement. Quant à M. McNeil, M. O'Leary a soutenu qu'il est en train d'étouffer l'économie de la province en maintenant un fardeau fiscal élevé des contribuables et en s'opposant à l'exploration du gaz et du pétrole dans sa province.

« J'ai fait une promesse de faire croître l'économie de 3 % par année. Je dois me débarrasser de l'incompétence et de la médiocrité au niveau provincial. Alors si vous êtes incompétents ou faibles comme Kathleen Wynne ou Rachel Notley ou Stephen McNeil, je ne veux pas qu'ils soient là quand je commencer à gouverner le pays. Je ne peux pas congédier Kathleen Wynne ou le premier ministre de la Nouvelle-Écosse. Mais je peux contribuer à les chasser du pouvoir aux prochaines élections. Je vous promets que je vais le faire », a dit M. O'Leary.

Ce faisant, M. O'Leary a laissé entendre que le premier ministre du Québec pourrait aussi goûter à sa médecine si son gouvernement fait dérailler le projet de construction de l'oléoduc Énergie Est.

« Le premier ministre doit se montrer plus ouvert au développement des ressources naturelles. Je suis un peu inquiet de voir que les investissements ne sont pas au rendez-vous au Québec dans le secteur des ressources. J'ai deux grands projets pour le Québec : je veux plus d'investissements dans les ressources naturelles et je veux aussi livrer un oléoduc vers l'est. Cela veut dire que je dois parler au maire de Montréal et au premier ministre du Québec, et aux Premières nations. Je sais que je vais devoir travailler fort et je vais peut-être me salir les mains en cours de route », a dit M. O'Leary, qui suit des cours de français à raison de deux heures par jour.