Lors de sa première visite à Donald Trump, Justin Trudeau a décidé de ne pas aborder la question épineuse du décret présidentiel sur l'immigration. « Les Canadiens ne s'attendent pas à ce que je fasse la morale » aux États-Unis, a dit lundi M. Trudeau lors de la conférence de presse conjointe avec le président américain.

La veille, il avait promis de « défendre les valeurs canadiennes » lors de son passage à Washington.

M. Trump, pour sa part, a affirmé qu'il ne considère pas que le Canada est une menace à l'économie américaine affirmant que seulement quelques ajustements seront nécessaires entre les deux pays.

Le premier ministre canadien et le président américain ont insisté sur la « relation exceptionnelle » qui unit les deux pays, rappelant l'importance de leur relation commerciale, qui est bénéfique d'un côté comme de l'autre de la frontière.

Peu avant leur point de presse, les deux parties avaient transmis une déclaration soulignant leurs priorités communes et suggérant que la première rencontre bilatérale entre les deux politiciens s'était bien déroulée.

« Les États-Unis sont très chanceux d'avoir un voisin comme le Canada », a déclaré M. Trump.

« Nous partageons les mêmes valeurs, nous partageons l'amour - un véritable amour - de la liberté [...] Les troupes américaines et canadiennes sont allées au combat ensemble, elles ont fait la guerre ensemble et ont forgé ce lien spécial qui unit deux nations ayant versé leur sang ensemble. »

La longue déclaration commune indique que les deux parties se sont entendues pour travailler sur l'amélioration de la mobilité de la main-d'oeuvre, le commerce, l'élargissement des ententes de précontrôle aux frontières - qui couvrira maintenant le fret - et sur les travaux d'infrastructures dans les deux pays.

Ces priorités communes reflètent « l'unique » partenariat et l'engagement du Canada et des États-Unis à approfondir leurs relations au bénéfice des deux pays, est-il écrit.

« Il n'y a pas d'autres voisins dans le monde entier qui sont aussi fondamentalement liés que nous le sommes », a déclaré M. Trudeau.

« Nous avons combattu dans des zones de conflit ensemble, négocié des traités environnementaux ensemble [...] et nous avons conclu des partenariats économiques novateurs qui ont créé de bons emplois pour nos deux populations. »

La déclaration mentionne que le Canada est un marché étranger essentiel pour quelque 35 États américains, alors que des biens d'une valeur de plus de 2 milliards de dollars passent à travers la frontière chaque jour.

Elle reconnaît aussi l'objectif commun d'aller de l'avant avec des « projets d'infrastructures énergétiques qui créeront des emplois tout en respectant l'environnement ».

Elle indique aussi que les deux pays ont aussi l'intention d'approfondir leur collaboration dans plusieurs secteurs, dont la coopération environnementale, particulièrement le long de la frontière et dans la région des Grands Lacs.

Un premier tête-à-tête dans le bureau Ovale

Plus tôt dans la journée, Justin Trudeau et Donald Trump se sont rencontrés pour la première fois en tête-à-tête dans le célèbre bureau Ovale. Les deux hommes y ont échangé une poignée de main de quatre secondes devant les caméras. Justin Trudeau arborait un sourire tendu alors que Donald Trump tapait du pied, semblant impatient.

« Je suis très honoré d'être ici avec le premier ministre Trudeau », avait déclaré M. Trump pendant une brève séance de photos avant le début des tables rondes prévues au courant de la journée.

« Son père, je le connaissais et le respectais grandement. Et il m'a donné une photo de moi et de votre père [Pierre Trudeau]. »

La photo a été prise en 1981 lors d'une cérémonie à New York, où M. Trudeau père avait été honoré en tant qu'« exemple d'excellence dans la société », selon la Maison-Blanche.

Quelques instants auparavant, le président américain a accueilli Justin Trudeau à la porte de l'aile ouest de la Maison-Blanche. Il s'est exprimé sur Twitter peu après pour souhaiter la bienvenue au dirigeant canadien.

Après leur tête-à-tête, le président américain et le premier ministre canadien ont élargi leur rencontre pour inclure des membres de leurs cabinets respectifs. Cinq ministres canadiens, dont le ministre des Finances, Bill Morneau et la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, étaient du compte.

Vers midi, les deux chefs de gouvernement ont aussi assisté à une table ronde sur les femmes entrepreneures. Pour l'occasion, des femmes influentes du milieu des affaires canadien et américain avaient été invitées à table. Monique Leroux, ancienne présidente du Mouvement Desjardins, y était.

Après un matin de réunions, le président Donald Trump et le premier ministre Justin Trudeau ont partagé un premier repas à la Maison-Blanche. Leurs proches conseillers et leurs ministres participaient aussi au déjeuner.

Les ministres canadiens qui sont du voyage ont été escortés par leurs homologues américains.

Objectif précis

Le premier ministre canadien était accompagné de plusieurs membres de son cabinet à la rencontre, notamment les ministres des Affaires étrangères Chrystia Freeland, de la Défense Harjit Sajjan, de la Sécurité publique Ralph Goodale et des Finances Bill Morneau.M. Trudeau et son équipe s'étaient rendus à cette rencontre avec un objectif précis : s'assurer que le Canada ne fasse pas les frais des mesures protectionnistes du nouveau président des États-Unis, qui a souvent manifesté son désir de renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Interrogé à ce sujet lors du point de presse, M. Trump a semblé indiquer vouloir apporter quelques modifications à l'ALENA, mais a surtout parlé des relations commerciales entre les États-Unis et le Mexique, qu'il juge inéquitables.