Stephen Harper faisait fausse route en cherchant à se soustraire aux lois québécoises dans son plan pour se préparer à un éventuel troisième référendum sur la souveraineté, estime le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-Marc Fournier.

Il a confirmé que le gouvernement conservateur a tenu dans l'ignorance le Parti libéral du Québec au sujet de ses préparatifs en cas de majorité péquiste aux élections de 2014, comme l'écrit La Presse jeudi.

Le reportage précise que Stephen Harper, alors au pouvoir à Ottawa, n'aurait pas entretenu de liens étroits avec le camp du Non à Québec parce que des avis juridiques indiquaient que cela aurait eu pour effet de miner l'application de la Loi fédérale sur la clarté référendaire. «Pour le gouvernement fédéral, le fait de se soumettre au camp du Non équivaut à reconnaître que la Loi québécoise sur les référendums prime la Loi sur la clarté», selon une source. Le fédéral considérait qu'il y avait aussi des avantages à ne pas se soumettre à la loi québécoise, notamment au chapitre des dépenses électorales.

Jean-Marc Fournier relève que «tout était fait pour ne pas être sous le giron de la loi québécoise». «Ils ne voulaient pas parler à personne du Québec là-dessus. Alors c'est leur affaire. On peut simplement dire que je n'empêche pas les gens de réfléchir. Mais une chose est sûre : les lois québécoises doivent s'appliquer», a-t-il soutenu lors d'une mêlée de presse, en marge d'une réunion du caucus libéral.

«Je n'ai jamais été mis au courant que le gouvernement conservateur, du temps où nous étions dans l'opposition, réfléchissait aux conséquences d'une éventuelle majorité péquiste qui aurait amené la séparation du Québec, a-t-il ajouté. Je ne doute pas qu'ils y ont réfléchi, franchement il y a bien du monde qui doit réfléchir à ça, car c'est une conséquence qui est grave. Ceci étant, si on nous en avait parlé, j'aurais probablement dit que la première étape, c'est de faire en sorte que le Parti libéral puisse gagner, qu'on relance l'économie, qu'on investisse dans la santé et l'éducation et que les Québécois soient heureux.»

Il ne voit pas, dans les préparatifs de M. Harper, un désaveu du PLQ. «Avant les élections, on ne sait jamais comment ça va tourner», a-t-il dit. Donc il est légitime de parer à toute éventualité selon lui.

Pour le chef péquiste Jean-François Lisée, la stratégie mise au point par Stephen Harper prouve la faiblesse des forces fédéralistes à Ottawa.

Conscient de son impopularité au Québec, M. Harper prévoyait notamment confier un rôle de premier plan à l'ancien premier ministre libéral Jean Charest, qui avait été défait par la chef péquiste Pauline Marois aux élections de septembre 2012.

Selon Jean-François Lisée, le plan Harper illustre avec éloquence la faiblesse des forces fédéralistes dans la capitale fédérale. Il est clair à ses yeux que le camp du Non n'aurait pas eu «une main très forte» s'il avait été forcé de recourir à un leader politique qui venait de se faire «rejeter» par les Québécois.

«On a deux personnes qui peuvent défendre le Canada, le premier ministre Stephen Harper, mais on ne le sortira pas parce qu'il est trop impopulaire, et notre seul populaire qu'on a, c'est celui qui vient de perdre l'élection, a ironisé M. Lisée. Alors, ça nous donne un peu le désert, le désert sur le fond, et le désert sur le personnel politique disponible pour vendre le Canada.»