Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair presse Ottawa d'agir afin de permettre aux travailleurs guatémaltèques floués par leur ex-employeur d'obtenir un permis de résidence temporaire, a appris La Presse.

« Il y a une notion d'urgence dans notre requête, précise l'attaché politique du député d'Outremont, Graham Carpenter. Il faut prendre soin d'eux et leur donner la chance de trouver un nouvel emploi pour qu'ils puissent aider leurs familles. »

Une rencontre à ce sujet s'est tenue lundi au bureau du ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum. « Nous avons bon espoir, vu la réaction du ministre, que le dossier pourra cheminer rapidement, fait valoir l'attaché politique de M. Mulcair. Le ministre a des pouvoirs discrétionnaires qu'il peut exercer pour des raisons humanitaires. »

Aucune entente

Parallèlement, l'avocate Susan Ramirez, qui défend la cause des 15 travailleurs guatémaltèques, a tenu à « remettre les pendules à l'heure » à propos d'une « entente » qui serait intervenue la semaine dernière.

C'est la diffusion d'un communiqué par le consultant Emmanuel Guillaume, vendredi dernier, qui a semé la confusion. Il est fait mention qu'une somme totale de 6994,14 $ a été versée aux travailleurs agricoles - et non pas 7000 $ par travailleur, en moyenne, comme il a été évoqué.

« Ça laisse croire que le dossier est réglé, mais tel n'est pas le cas, bien au contraire ! », tonne l'avocate. Précisons que les travailleurs s'étaient fait promettre, faussement, qu'ils pourraient voir leur statut régularisé, en échange d'un débours de 3650 $ prélevé à même leur salaire.

« Non seulement leur statut n'a pas été régularisé, résume Me Ramirez, mais nous avons découvert qu'aucune démarche en ce sens n'a été faite par le consultant, après vérification dans le Système mondial de gestion des cas [SMGC] utilisé pour le traitement des demandes de services en matière de citoyenneté et d'immigration. »

La réclamation

Les travailleurs agricoles, qui sont sortis de prison depuis une dizaine de jours, réclament 129 600 $, soit une moyenne individuelle de 8640 $, pour les heures travaillées au sein de l'agence de placement Les Progrès, de Victoriaville, propriété de l'homme d'affaires Esvin Cordon.

« On les faisait travailler jusqu'à 130 heures par semaine, dit Me Ramirez. Ils ont travaillé pour rien. »

La «bonne foi»

Pour sa part, Esvin Cordon maintient avoir agi de « bonne foi devant la loi et envers les travailleurs ».

Il en veut pour preuve le remboursement totalisant 6994,14 $ « pour essayer d'aider [s]es compatriotes qui ont besoin d'argent pour leurs familles ».

« Ce sont des montants que j'avais dans un compte en banque et qui devaient servir à payer le cabinet-conseil en immigration », dit-il. L'homme d'affaires ajoute qu'il prévoit verser « un chèque pour chacun » des travailleurs, ultérieurement. Mais il refuse de dévoiler la somme qu'il entend leur remettre.

« Je vais faire les choses correctement », résume-t-il. Le consultant en immigration n'a pas rappelé La Presse.