Le gouvernement Trudeau s'apprête à couper la poire en deux en ce qui a trait à l'approbation de nouveaux oléoducs permettant d'acheminer le pétrole issu des sables bitumineux de l'Alberta vers de nouveaux marchés étrangers.

Ainsi, tout indique qu'il va donner le feu vert à l'élargissement du pipeline Trans Mountain, de Kinder Morgan, qui relie Edmonton à Burnaby, dans la région de Vancouver. Ce projet évalué à 6,8 milliards de dollars, qui permettra de tripler la capacité de l'oléoduc (900 000 barils par jour), a déjà été approuvé par l'Office national de l'énergie en mai, malgré l'opposition de la Colombie-Britannique, de la Ville de Vancouver et de plusieurs communautés autochtones.

Parallèlement, le gouvernement Trudeau écartera l'idée de relancer les consultations auprès des peuples autochtones dans le cas de l'oléoduc Northern Gateway, enterrant du même coup ce projet de la société Enbridge qui devait relier Bruderhein, en Alberta, à Kitimat, en Colombie-Britannique.

Selon des informations obtenues par La Presse, le gouvernement Trudeau compte aussi approuver le projet de remplacement de la ligne 3 d'Enbridge entre Hardisty, en Alberta, et Superior, au Wisconsin. Ce projet permettra d'augmenter la capacité de transport de l'oléoduc de 370 000 barils de pétrole par jour.

Enfin, le ministre des Transports, Marc Garneau, devrait annoncer cette semaine si le gouvernement fédéral imposera ou non un moratoire sur les grands navires pétroliers sur la côte nord de la Colombie-Britannique.

«Ces annonces sont une façon de s'attirer des louanges et des critiques en même temps», a analysé une source bien au fait du dossier et qui a requis l'anonymat.

Des annonces dès aujourd'hui?

Les décisions concernant la ligne 3 d'Enbridge et de Northern Gateway pourraient être annoncées dès aujourd'hui. Quant à l'élargissement du pipeline Trans Mountain, le gouvernement fédéral a jusqu'au 19 décembre pour annoncer ses couleurs. Selon l'agence Bloomberg, le cabinet compte approuver ce projet, malgré la controverse qu'il suscite en Colombie-Britannique.

En point de presse, hier, le ministre des Ressources naturelles Jim Carr a refusé de vendre la mèche quant à la date de l'annonce. «Très bientôt», s'est-il borné à dire. Il a tout même clairement fait savoir que le gouvernement Trudeau souhaite faciliter l'exportation du pétrole issu des sables bitumineux. «Comme je l'ai dit dans le passé, c'est l'objectif du gouvernement du Canada d'élargir nos marchés d'exportation», a dit le ministre, l'un des plus influents du cabinet de Justin Trudeau.

Alors que le gouvernement libéral s'est engagé à lutter contre les changements climatiques en signant notamment l'Accord de Paris, les groupes environnementalistes estiment qu'il est impossible de réduire les émissions de gaz à effet de serre au Canada si Ottawa approuve la construction de nouveaux oléoducs.