Le gouvernement Trudeau a cédé à la pression des partis de l'opposition, hier, et accepté de rappeler un comité parlementaire en plein été pour étudier les ratés du nouveau système de paie des fonctionnaires fédéraux.

Quelque 720 employés du gouvernement sont privés de salaire - parfois même depuis plusieurs mois - et pas moins de 80 000 ont été affectés par ce nouveau système baptisé «Phénix», mis en oeuvre il y a quelques mois et géré à partir d'une nouvelle centrale à Miramichi, au Nouveau-Brunswick.

Alexandrine Ubiera Joncas est l'une des personnes touchées: cette employée contractuelle du centre d'appel d'Immigration Canada à Montréal n'a pas été payée depuis deux mois.

«Ce n'est pas facile; on n'a pas vraiment eu de vacances, a expliqué à La Presse cette mère de trois enfants. J'essaie de faire garder [les enfants] par la famille, ma mère et compagnie, parce qu'on n'a pas pu payer le camp de jour... Et les factures s'accumulent. J'essaie de faire des deals avec tout le monde.»

Le silence des libéraux déploré

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti conservateur ont réclamé, hier matin, la tenue d'une réunion d'urgence d'un comité parlementaire pour tenter de trouver une solution à cette situation le plus rapidement possible. Ils ont déploré le silence des députés libéraux depuis la semaine dernière, alors qu'ils ont tenté d'obtenir leur soutien pour atteindre le seuil de quatre députés requis pour une telle convocation.

Le porte-parole conservateur dans le dossier, Kelly McCauley, a nié que son parti tente ainsi de faire porter l'odieux de la situation aux troupes libérales, alors que la centralisation des services de paie a au départ été élaborée par le gouvernement Harper.

«Il est mal avisé de blâmer le gouvernement Harper alors que, oui, ç'a été commencé [sous le gouvernement précédent], mais ils l'ont mis en oeuvre en février; ça faisait donc cinq mois qu'ils étaient au pouvoir et personne n'a posé un pistolet sur leur tempe pour dire: "Vous devez le commencer maintenant." En fait, ils ont été avisés de retarder le système jusqu'à ce qu'il fonctionne de manière convenable, mais ils ont plutôt décidé de foncer», a déclaré le député albertain.

Demande de réunion

En fin de journée, hier, quatre députés libéraux membres du comité permanent des opérations gouvernementales ont écrit une lettre pour demander au greffier de ce comité de convoquer une réunion afin de discuter de cette «situation inacceptable».

Leur requête ne porte cependant que sur la comparution du sous-ministre du ministère des Services publics et des Approvisionnements, alors que les partis de l'opposition voudraient convoquer d'autres témoins, dont la ministre responsable, Judy Foote. Elle ne précise pas non plus quand cette rencontre se tiendra. Le porte-parole du NPD en matière de travaux publics, Erin Weir, a dit espérer qu'elle se tienne le plus tôt possible.

«Ce sont de bonnes nouvelles que les députés libéraux qui siègent à ce comité ont accepté d'avoir une rencontre, a déclaré M. Weir. Mais [...] je crois qu'il serait beaucoup plus approprié que le comité entende la ministre elle-même. Je crois aussi qu'il serait approprié d'entendre un nombre plus grand de témoins, dont des employés fédéraux et les syndicats qui les représentent.»