Le représentant du Royaume-Uni au Canada s'est réjoui de l'appui donné cette semaine par Justin Trudeau au maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne (UE).

Le haut-commissaire Howard Drake ne croit pas que le premier ministre canadien se soit immiscé indûment dans les affaires internes du Royaume-Uni.

Il a rappelé, vendredi, à Ottawa, que M. Trudeau avait pris soin de préciser qu'il s'agissait là d'une question qui concerne avant tout les Britanniques - qui se prononceront d'ailleurs par référendum le 23 juin.

Mais selon le diplomate, M. Trudeau, comme n'importe-quel chef de gouvernement du monde, a le droit d'exprimer son point de vue lorsque les intérêts de son pays sont en jeu.

Dans une entrevue accordée à l'agence Reuters, jeudi, M. Trudeau a confié qu'il espérait que la Grande-Bretagne demeure au sein d'une Europe unie, où elle pourrait jouir d'une plus grande prospérité.

Il a estimé que le Royaume-Uni serait toujours une nation importante, mais que cette importance serait «amplifiée» par sa présence forte au sein de l'Union européenne.

«Je crois que nous sommes toujours meilleurs lorsque nous travaillons le plus possible ensemble, et le séparatisme, ou la division, ne semble pas une avenue très fertile pour les pays.»

M. Trudeau a aussi déclaré qu'il n'était pas du tout certain que le Royaume-Uni pourrait négocier un traité de libre-échange avec le Canada, reprenant grosso modo une mise en garde de Barack Obama.

Lors d'une visite à Londres, le 23 avril dernier, le président américain avait évoqué la possibilité que le Royaume-Uni se retrouve en queue de peloton lorsque viendrait le temps de négocier un nouveau traité de libre-échange avec les États-Unis, si les Britanniques décidaient de sortir de l'Union - le «Brexit».

Barack Obama a reconnu qu'il appartenait aux Britanniques de trancher la question, mais il a tenu à être «franc» et à «dire ce qu'il pense», comme le font des amis. «Les États-Unis veulent un Royaume-Uni fort comme partenaire et le Royaume-Uni est à son meilleur lorsqu'il aide à diriger une Europe forte, avait-il lancé. Ça démultiplie le pouvoir britannique. Je ne crois pas que l'Union européenne limite l'influence britannique dans le monde, mais (au contraire) qu'elle la magnifie.»

De la même façon, M. Trudeau a laissé entendre qu'il serait ardu de négocier une nouvelle entente de libre-échange avec Londres, alors qu'un tel accord a déjà été conclu avec l'UE.

L'ancien premier ministre Brian Mulroney a servi les mêmes mises en garde lors d'un discours devant la Chambre de commerce Canada-Royaume-Uni, vendredi. «Si le Royaume-Uni quittait l'UE, j'imagine que les entreprises britanniques ne bénéficieraient pas automatiquement des avantages sur l'accès aux marchés fournis par (l'accord de libre-échange)», a-t-il indiqué, selon des remarques préparées consultées par La Presse Canadienne.

«Elles (les entreprises britanniques) pourraient en fait être désavantagées par rapport à leurs compétiteurs de l'Union européenne. Ce n'est pas de l'alarmisme, c'est un simple état des faits», a-t-il ajouté.

Le premier ministre canadien joint ainsi sa voix à celles d'autres leaders du monde - dont M. Obama et la chancelière allemande Angela Merkel - en faveur du maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne. Plusieurs agences financières mondiales ont aussi affirmé que l'économie britannique souffrirait d'un «Brexit». Le haut-commissaire Drake a cependant minimisé ses effets sur le traité de libre-échange canado-européen.

En vertu des statuts de l'Union européenne, il faudrait probablement des années avant que le Royaume-Uni rompe officiellement ses liens avec l'UE en cas d'une victoire du «Brexit», dans un mois. Pendant tout ce temps, le pays demeurerait lié aux traités et conventions conclus par l'Union.