La première ministre de l'Alberta affirme qu'il n'est aucunement dans son intérêt de transformer l'actuel débat sur les oléoducs en une foire d'empoigne interprovinciale risquant de miner l'unité nationale.

Rachel Notley a plutôt l'intention d'avoir une conversation respectueuse basée sur les faits, permettant à toutes les parties d'exprimer leur point de vue.

Les projets de pipeline ont causé des tensions entre l'Alberta et la Colombie-Britannique, mais probablement encore davantage entre l'Ouest du pays et le Québec plus réfractaire aux visées des pétrolières, le premier ministre de la Saskatchewan ayant manifesté son irritation à l'égard de la province.

Mme Notley a soutenu qu'elle éviterait de montrer quiconque du doigt.

En entrevue avec La Presse Canadienne jeudi, elle a rappelé que le Canada était constitué de provinces diverses et que, par le passé, certaines personnes avaient « profité de ces différences pour monter les provinces les unes contre les autres, ce qui n'avait habituellement pas permis au pays de progresser ».

Rachel Notley a assuré que ce n'était pas de cette façon que son gouvernement voulait gérer le dossier des oléoducs.

L'Office national de l'énergie a récemment annoncé que son évaluation du plus important projet, l'oléoduc Énergie Est de TransCanada, devrait être complétée en mars 2018 après des consultations avec les communautés concernées. En raison de la vive opposition à l'oléoduc dans la province, le gouvernement du Québec a accepté d'effectuer sa propre étude sur la question.

Selon la première ministre albertaine, les discussions à ce sujet doivent être basées sur les faits, tant sur le plan de la sécurité que sur celui de l'environnement et de l'économie. Elle a ajouté que les gens devaient avoir le droit de faire part de leurs préoccupations.

« Ces communautés ont le droit de poser ces questions. Nous n'allons pas remettre ce droit en question ou nous battre contre ce droit. Laisser entendre qu'elles n'ont pas ce droit, cela n'aide pas à lancer la conversation », a-t-elle indiqué.

Mme Notley a tenu ces propos en marge d'une visite de trois jours à Washington, au cours de laquelle les oléoducs sont loin d'occuper le sommet de sa liste de priorités. Elle est plutôt aux États-Unis pour faire la promotion du plan de son gouvernement néo-démocrate pour lutter contre les changements climatiques.

Son objectif : changer la perception que le public américain a de l'Alberta en matière d'environnement.

L'opposition aux sables bitumineux de la province s'est développée aux États-Unis durant le long débat sur le pipeline Keystone XL, que l'administration de Barack Obama a fini par rejeter. Maintenant, Rachel Notley veut que les Américains soient au courant de la décision de son gouvernement d'imposer une taxe sur le carbone, de limiter les émissions des exploitations de sables bitumineux à 100 millions de tonnes par année et d'abandonner progressivement le charbon comme source d'énergie.

« Si je repars d'ici et que les gens se disent : "Oh, nous devrions peut-être regarder ce que fait l'Alberta, peut-être que nous pourrions même apprendre quelque chose d'elle, on dirait qu'elle fait ce qu'il faut faire, maintenant", alors ce sera une victoire », a-t-elle conclu.