Le premier ministre canadien Justin Trudeau amorce ce matin une visite d'État de deux jours à Washington, qui sera marquée par un dîner officiel ce soir à la Maison-Blanche. De nouvelles ententes canado-américaines sur l'environnement et le contrôle des frontières pourraient être annoncées. Neuf thèmes clés de cette visite d'État.

Environnement

C'est le thème central de la visite d'État, d'autant plus que la Maison-Blanche considère le gouvernement Trudeau comme un « partenaire engagé et ambitieux » en environnement. Les deux pays pourraient annoncer aujourd'hui une stratégie commune pour lutter contre les changements climatiques, notamment dans l'industrie pétrolière. La Maison-Blanche s'est fixé comme objectif de réduire, d'ici 2025, de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2012 les émissions de méthane causées par les forages pétroliers et gaziers. Selon le Globe and Mail, les deux pays discutent aussi d'une entente pour réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des automobiles. « Vous verrez ce que nous annoncerons, mais c'est clair que nous avons un premier ministre et un président qui sont engagés à prendre des actions concrètes contre les changements climatiques », a dit la ministre fédérale de l'Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, plus tôt cette semaine.

Frontières

Un dossier où le Canada est en demande. Le Canada et les États-Unis annonceraient que les Canadiens pourront passer les douanes américaines à des stations de train et d'autocar au Canada (comme c'est déjà le cas dans les grands aéroports du pays), selon La Presse Canadienne. Le Canada n'a pas caché qu'il aimerait étendre le concept de prédédouanement en transport aérien aux autres modes de transport, notamment le train (ex. : Montréal-New York) et le transport maritime. Ottawa aimerait aussi instaurer des centres de prédédouanement - dont les coûts sont partagés par les deux pays - dans davantage d'aéroports, notamment à Québec.

Sécurité

S'ils semblent ouverts à diminuer les irritants à la frontière, les États-Unis aimeraient que le Canada collige et partage des informations sur les personnes quittant le Canada. Selon le ministre fédéral de la Sécurité publique Ralph Goodale, le Canada est l'un des rares pays qui ne colligent pas actuellement ces informations. « On le fait quand les personnes arrivent au pays, mais pas quand elles le quittent », dit-il.

Libre-échange

Le président américain Barack Obama voudra parler de l'accord de libre-échange Partenariat pacifique (PTP), qui a été signé mais pas encore ratifié par le Canada. Le gouvernement Trudeau s'est toutefois engagé à faire des consultations publiques et un débat parlementaire avant de ratifier le PTP. De son côté, le premier ministre Trudeau voudra parler du dossier du bois d'oeuvre. La période de libre-échange après le dernier accord canado-américain (2006-2015) se termine en octobre prochain. Sans entente, les litiges commerciaux devant les tribunaux pourraient reprendre, comme ce fut le cas de 2003 à 2006.

Photo Paul Chiasson, La Presse Canadienne

Aussitôt arrivé à Washington et accueilli par les services diplomatiques américains, Justin Trudeau est allé serrer la main d’une dizaine d’enfants d’une école primaire de Washington, qui l’attendaient avec les petits drapeaux canadiens et américains à l’aéroport militaire Andrews.

Amitiés

S'ils ne se sont rencontrés qu'à deux reprises, Barack Obama et Justin Trudeau ont l'air de plutôt bien s'entendre. La ministre fédérale du Commerce international, Chrystia Freeland, était aux côtés du premier ministre quand il a rencontré Barack Obama pour la première fois à l'automne lors d'un sommet international. « C'est très important d'avoir des relations personnelles entre le premier ministre et le président, dit-elle. J'ai constaté que le président Obama a vu dans notre nouveau premier ministre un leader avec qui il a une sympathie personnelle. Ils ont des politiques, des valeurs, des points de vue très comparables. Ils ont parlé de leurs familles, le président Obama a dit que l'élection canadienne était très intéressante pour lui, il a parlé des idées de notre campagne, de l'espoir, d'une campagne positive et optimiste. Il a trouvé très important d'utiliser cette vague d'optimisme national pour faire des choses importantes, mais peut-être difficiles politiquement. »

Ministres

Le premier ministre Justin Trudeau sera accompagné à Washington par neuf ministres de son gouvernement. « C'est très important pour notre pays d'avoir l'occasion de nouer des relations personnelles, dit la ministre fédérale du Commerce international Chrystia Freeland. C'est beaucoup plus facile de demander quelque chose à un ami qu'à quelqu'un qu'on ne connaît pas. » Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion, la ministre de l'Environnement et du Changement climatique Catherine McKenna, le ministre de la Défense Harjit Sajjan et le ministre des Pêches, Océans et de la Garde côtière canadienne Hunter Tootoo font aussi partie de la délégation canadienne. Quatre autres ministres s'ajouteront pour le dîner officiel : la ministre du Patrimoine canadien Mélanie Joly, la ministre du Développement international et de la Francophonie Marie-Claude Bibeau, le ministre du Développement économique Navdeep Bains et le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale.

L'après-Obama

Justin Trudeau ne rencontrera pas seulement l'administration Obama durant son séjour à Washington. Aujourd'hui, il rencontrera les leaders démocrates et républicains du Congrès, qui vote les lois. Au cours de son séjour, il participera à deux événements organisés conjointement par Canada 2020 (un centre de recherche généralement associé aux libéraux) et le Center for American Progress, un organisme présidé par John Podesta - qui préside aussi la campagne électorale d'Hillary Clinton à la présidence des États-Unis. Le Center for American Progress s'est prononcé contre l'exploitation des sables bitumineux en Alberta.

Épouses

Pendant que Barack Obama et Justin Trudeau discuteront environnement, frontières et libre-échange ce matin, leurs femmes Michelle Obama et Sophie Grégoire participeront à une activité de « Let Girls Learn », un programme mis sur pied par la première dame des États-Unis pour encourager les filles partout dans le monde - particulièrement dans les pays en développement - à terminer l'école secondaire. Environ 62 millions de filles dans le monde ne fréquentent pas l'école.

Glamour

Un dîner officiel est l'un des événements mondains les plus prestigieux en Amérique du Nord. C'est certainement l'événement où les billets sont les plus convoités : l'administration a organisé onze dîners officiels en sept ans, et on ne peut accueillir qu'au maximum 120 invités par soirée. La délégation officielle du Canada comptera une vingtaine de personnes au dîner, idem pour la délégation américaine, et la Maison-Blanche a invité environ 80 autres personnes.

Trudeau à la rencontre d'écoliers américains

Aussitôt arrivé à Washington et accueilli par les services diplomatiques américains, Justin Trudeau est allé serrer la main d'une dizaine d'enfants d'une école primaire de Washington, qui l'attendaient avec les petits drapeaux canadiens et américains à l'aéroport militaire Andrews. Les enfants de l'école primaire W.B. Patterson, une école publique de Washington, sont jumelés à l'ambassade du Canada dans le cadre du programme d'apprentissage des ambassadeurs. Ces enfants âgés de 10 et 11 ans verront à nouveau Justin Trudeau ce matin à la Maison-Blanche, cette fois avec leur président Barack Obama.

Photo Susan Walsh, archives Associated Press

Justin Trudeau et Barack Obama se sont rencontrés en novembre dernier lors d'un sommet international à Manille, aux Philippines.