Le premier ministre Justin Trudeau a déclenché jeudi des dissensions entre les provinces canadiennes avec l'éventualité de fixer un prix unique du carbone afin de satisfaire aux contraintes de réduction des gaz à effet de serre de la récente conférence sur le climat à Paris.

Les approches diffèrent pour satisfaire à l'engagement de Justin Trudeau à la COP21 d'agir pour réduire ses émissions de GES avec l'objectif de limiter le réchauffement de la planète entre +1,5 à +2 degrés Celsius par rapport à l'ère préindustrielle.

Avant la réunion à Vancouver entre le gouvernement fédéral et l'exécutif des dix provinces et des trois territoires nordiques, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador Dwight Ball a parfaitement illustré le grand écart des positions des uns et des autres.

Celui qui oeuvre comme président du Conseil de la fédération --organisme regroupant l'exécutif provincial et territorial--, a indiqué que plusieurs «mécanismes de gestion du carbone» étaient sur la table.

«Les mécanismes de gestion du carbone peuvent aller de l'utilisation des nouvelles technologies pour atténuer ou stocker le carbone, ou de politique facilitant la réduction ou l'élimination des émissions comme la fixation d'un prix sur le carbone», a déclaré Dwight Ball.

Justin Trudeau a placé les provinces face à leurs responsabilités afin de mettre en place «un plan pour réaliser nos engagements au niveau international, que tous les premiers ministres (provinciaux, NDLR) ont accepté à Paris».

Fort d'un large soutien de l'opinion publique, Justin Trudeau cherche à pousser ses pions particulièrement sur la mise en place d'une taxe nationale sur le carbone, avec un prix évoqué de 15 dollars canadiens par tonne de dioxyde de carbone (CO2) émis.

«Pas le moment»

Si l'Alberta, plus grosse région productrice de pétrole, a déjà promis de taxer la tonne de carbone pour les compagnies pétrolières qui ne réduiraient pas leurs émissions de 20% d'ici l'an prochain, en revanche la province voisine de la Saskatchewan n'adhère pas à ce principe. «Ce n'est pas le moment et je ne suis pas certain que ce le soit dans un avenir proche», a déclaré le premier ministre conservateur Brad Wall, proche du gouvernement sortant.

De leur côté, le Québec et l'Ontario, fortes de près des deux tiers des 35 millions de Canadiens, ont fait le choix de réduire leurs émissions de GES en mettant en place un marché des droits à polluer, en partenariat avec l'État américain de Californie.

Pas question d'accepter un prix unique du carbone au niveau national. «Ce serait une très mauvaise idée (...) et on est opposé à la notion d'un prix national sur le carbone», a prévenu Philippe Couillard, chef du gouvernement québécois avec à ses côtés son homologue ontarienne Kathleen Wynne.

Les moyens d'arriver à lutter contre le réchauffement climatique sont divers «et il faut laisser les initiatives aller de l'avant», a souligné M. Couillard en rappelant la tradition de privilégier le consensus dans les relations entre le fédéral et les provinces.

Justin Trudeau ne veut pas opposer les provinces pétrolières à celles qui redoutent l'impact environnemental des hydrocarbures, ou l'Ouest contre l'Est, mais cherche, pour la planète, «à relever le défi du climat». Face à cet objectif, «je sais que le Canada est prêt», a-t-il déclaré.