Le Conseil de la fédération s'ouvre mercredi à Vancouver sur fond de tensions énergétiques entre l'ouest et l'est du Canada.

Les premiers ministres provinciaux et territoriaux se réunissent autour d'une même table au lendemain du dépôt d'une demande d'injonction de Québec contre la société TransCanada.

Et si le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, est aussi loquace dans la salle de réunion qu'il l'est sur les réseaux sociaux, l'avenir du projet d'oléoduc Énergie Est risque de monopoliser les conversations.

Son homologue québécois, Philippe Couillard, a réitéré mercredi matin en point de presse que les démarches judiciaires entamées contre le promoteur du pipeline ne visaient aucunement à provoquer «une chicane entre l'est et l'ouest du pays».

Le premier ministre a insisté sur le fait que son gouvernement cherchait simplement à s'assurer du respect de la Loi sur la qualité de l'environnement, et il s'est dit convaincu qu'il parviendrait à faire comprendre sa position à M. Wall.

Son alliée Kathleen Wynne, première ministre de l'Ontario, a volé à son secours. Elle a souligné que la portion ontarienne du tracé avait fait l'objet d'une évaluation «très similaire» à celle que souhaite mener le Québec avec le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) avec toutes les informations nécessaires en main.

«Je suis passée par là. J'ai clairement établi que l'évaluation de la Commission de l'énergie de l'Ontario n'avait d'aucune manière comme objectif de miner le processus national. Le but, en fait, était d'informer l'Office national de l'énergie», a insisté la première ministre lors d'un point de presse conjoint avec M. Couillard.

Les désaccords entourant Énergie Est ne sont pas les seuls à subsister au sein du Conseil de la fédération. La question plus large du développement d'une stratégie de lutte contre les changements climatiques devrait aussi donner lieu à des débats animés.

Car les positions des provinces et des territoires divergent en ce qui a trait à la tarification du carbone. Les provinces du «Canada central» de Philippe Couillard et de Kathleen Wynne, qui ont déjà leur propre mécanisme, ne veulent pas que d'une tarification nationale imposée par le fédéral.

De son côté, la première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, trouve l'idée intéressante. Et Brad Wall, lui, est sans équivoque: il a juré de ne pas apposer sa signature au bas d'une entente qui comporterait une taxe sur le carbone à l'échelle nationale.

Mais ultimement, les premiers ministres n'ont tout simplement pas le choix de trouver un terrain d'entente, a prévenu la première ministre Wynne.

«Nous devons travailler ensemble pour lutter contre les changements climatiques, nous devons travailler ensemble pour soutenir les économies des provinces et des territoires, donc nous devons avoir des conversations difficiles», a-t-elle soutenu.

«Mais je crois que nous avons la capacité de trouver les solutions», a conclu Mme Wynne.

Le premier ministre Couillard a pour sa part souligné qu'il était «essentiel de se réunir autour du concept» d'une taxe sur le carbone. «Il y a plusieurs méthodes qu'on peut utiliser, mais l'ensemble des experts internationaux s'entendent que (la tarification du carbone) est un des outils essentiels», a-t-il dit.

En plus de participer au Conseil de la fédération, mercredi, Philippe Couillard rencontrera la première ministre de l'Alberta, Rachel Notley, qui a réagi avec davantage de réserve à l'annonce du dépôt de la requête d'injonction contre TransCanada.

La dirigeante albertaine a cependant prévenu qu'elle entendait se battre pour que le projet se réalise.