Il ne faudrait pas s'attendre à ce que le ministre des Affaires étrangères, John Baird, obtienne la libération immédiate du journaliste canado-égyptien Mohamed Fahmy à l'occasion de sa visite au Caire, jeudi, prévient un responsable à Ottawa.

Cette source, qui ne peut être identifiée parce qu'elle n'est pas autorisée à discuter publiquement de l'affaire, a précisé que le ministre Baird, qui effectue une visite officielle «de routine» de deux jours en Égypte, profitera certes de sa rencontre avec son homologue Sameh Choukri pour demander la libération du journaliste, emprisonné en décembre 2013 lors d'une manifestation au Caire. Les deux ministres donneront ensuite une conférence de presse conjointe.

Mais le ministre Baird ne s'attend pas à ce que M. Fahmy soit libéré sur-le-champ, ce qui donnerait l'impression que le gouvernement égyptien agit sous la férule d'un pays occidental, a indiqué la source.

M. Fahmy et deux de ses collègues du service anglais d'Al-Jazeera, le correspondant australien Peter Greste et le réalisateur égyptien Baher Mohamed, avaient été reconnus coupables l'an dernier sous des chefs d'accusation liés au terrorisme, et condamnés à des peines de sept à 10 ans de prison.

Au début de janvier, un tribunal a ordonné la tenue d'un nouveau procès pour les trois hommes, mais aucune date n'a encore été fixée. Par ailleurs, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a annoncé récemment un nouveau décret qui lui permet dorénavant de déporter des étrangers accusés d'un crime ou condamnés. Ces développements ont alimenté les espoirs de la famille de M. Fahmy de le voir rentrer bientôt chez lui à Montréal, avant même la tenue du nouveau procès.

On ignore encore, par ailleurs, comment exactement s'articulerait une éventuelle déportation de M. Fahmy. Car s'il était déporté en tant que criminel reconnu coupable par la justice égyptienne, pourrait-il recouvrer sa liberté en sol canadien? C'est là qu'intervient la présence du ministre Baird, espère la famille du journaliste.

«Les Égyptiens pourraient en profiter pour l'informer de leurs exigences», a indiqué à La Presse Canadienne mercredi le frère de M. Fahmy, Adel. «La loi est très claire: si une personne ne constitue pas une menace à la sécurité nationale, elle peut, à toute étape du processus judiciaire, être déportée, traduite devant les tribunaux, ou être contrainte de purger le reste de sa peine.»

Selon Adel Fahmy, son frère est «nerveux mais très confiant» de pouvoir rentrer chez lui prochainement.

À Louxor, mercredi, le ministre Baird a rencontré des jeunes gens pour parler de l'avenir du pays. Il a annoncé un soutien financier de 20 millions $ destiné à «stimuler la croissance économique, donner des emplois aux jeunes et encourager l'entrepreneuriat et l'employabilité des femmes», lit-on dans un communiqué publié par son cabinet à Ottawa.

Un porte-parole a tenu à préciser que ce soutien financier faisait partie d'un engagement plus large envers l'Égypte, et ne devrait pas être perçu comme une compensation pour obtenir les faveurs du régime dans le dossier du journaliste Fahmy.