Même si le nouveau candidat à la direction du Bloc québécois, Mario Beaulieu, a laissé entendre mercredi matin qu'il pourrait rallier «des parlementaires» s'étant a priori rangés derrière son adversaire André Bellavance, il n'en est rien, ont assuré les principaux intéressés.

Les trois députés qui siègent toujours aux Communes - Claude Patry, Jean-François Fortin et Louis Plamondon - ont maintenu que leur appui allait toujours à M. Bellavance, député de Richmond-Arthabaska, qui était jusqu'à tout récemment le seul prétendant au siège de chef.

«Des gens qui veulent faire une campagne pour devenir chef, c'est la démocratie, c'est correct, mais pour nous, ça ne change rien. (...) Moi, j'appuie André Bellavance comme au tout début», a tranché M. Patry.

Quelques minutes plus tard, l'attaché de presse de M. Fortin, Benoit Lévesque, a confirmé que le député de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia soutenait toujours le premier candidat déclaré.

Ce fut ensuite au tour de M. Plamondon de réitérer son appui à M. Bellavance, qu'il considère comme le plus «expérimenté» et le mieux placé pour prendre les rênes de la formation indépendantiste à Ottawa.

Mario Beaulieu a rapidement donné le coup d'envoi aux hostilités, mercredi, en marge de la conférence de presse organisée à Montréal pour officialiser sa candidature.

Estimant avoir accompli un véritable «exploit» en amassant quelque 2000 signatures en appui à sa candidature en l'espace de quelques jours seulement, le président sortant de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) s'est montré confiant en sa capacité de faire le plein de sympathisants et de rallier militants, candidats et députés bloquistes.

«Je pense qu'il va y avoir probablement des parlementaires qui vont oser se prononcer (en faveur de ma candidature)», a-t-il suggéré après son discours.

Le militant indépendantiste de longue date a ajouté que des «gens du Bloc» qui se présentaient comme des «amis personnels» de M. Bellavance - et qui faisaient même partie de son comité électoral - voyaient «d'un très bon oeil» son arrivée dans la mêlée.

Louis Plamondon, qui représente la circonscription de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour à la Chambre des communes, estime cependant qu'André Bellevance dispose d'une longueur d'avance sur son nouvel adversaire.

«Il a l'appui d'une quarantaine de présidents d'associations de comté, je pense. Il avait des signatures dans 50 comtés. Il a un très grand réseau et de très bons appuis à l'intérieur du parti», a-t-il exposé.

Quelques heures après l'annonce de l'entrée en scène de M. Beaulieu, l'organisation de la campagne à la direction de M. Bellavance a annoncé la tenue d'un rassemblement en appui à celui-ci. Ce rassemblement se tiendra ce jeudi soir à Victoriaville.

Mobiliser les troupes

Mario Beaulieu a dit avoir l'intention de concentrer ses efforts sur la mobilisation des troupes sur le terrain: le nouveau candidat compte pouvoir recruter au moins 5000 membres dans la prochaine semaine.

Il a affirmé avoir d'ores et déjà déniché des candidats potentiels en prévision du prochain scrutin fédéral, qui est prévu pour le 19 octobre 2015. S'ils sont élus, ceux-ci devront accepter de se délester d'une partie de leur salaire.

Un député à la Chambre des communes touche une rémunération de base de 163 700 $, comparativement à 89 950 $ du côté de l'Assemblée nationale du Québec.

«Étant donné que les députés fédéraux ont des salaires beaucoup plus élevés que ceux des députés du Québec, je propose qu'une partie du salaire annuel des députés (...) aille à la promotion de la souveraineté. Cinquante mille dollars multipliés par vingt députés élus nous donne un million de dollars», a-t-il plaidé.

L'indépendance a été au coeur du discours livré par Mario Beaulieu devant les bureaux de la SSJB, rue Sherbrooke. Il a présenté les résultats catastrophiques du Parti québécois (PQ) aux dernières élections provinciales comme étant la principale raison de sa décision de se lancer dans l'arène politique.

«L'attente des conditions gagnantes en vue d'un mystique référendum ne peut plus longtemps servir de stratégie d'action. La campagne indépendantiste doit se mener chaque jour, parce que chaque jour qui passe, le Québec est mal servi par le cadre canadien», a-t-il plaidé.

Les candidats à la chefferie du Bloc devaient recueillir d'ici mercredi 1000 signatures réparties dans 25 circonscriptions et disposer d'un trésor de guerre de 15 000 $ pour sauter dans l'arène.

Les quelque 35 000 membres que compte la formation politique à l'heure actuelle pourront enregistrer leur vote par téléphone les 11, 12 et 13 juin. Le vainqueur sera annoncé le lendemain.

Si la validité de la candidature de Mario Beaulieu est confirmée par le Bloc - ce qui devrait se faire d'ici la fin de la semaine -, ce dernier pourra possiblement croiser le fer avec André Bellavance.

«Des débats seraient organisés au niveau des régions. Il est question d'en tenir un également au congrès national, qui devrait avoir lieu les 23, 24 et 25 mai à Rimouski», a indiqué Simon Charbonneau, coordonnateur aux communications du Bloc.

André Bellavance est l'un des quatre seuls rescapés de la «vague orange» qui a déferlé sur le Québec aux élections fédérales de 2011.

La course à la direction a été provoquée par la démission de Daniel Paillé, qui a annoncé son retrait de la vie politique en décembre 2013 pour des raisons de santé.

Archives La Tribune, Frédéric Côté

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