L'un des groupes de travail mandatés par la ministre des Transports, Lisa Raitt, dans la foulée de la tragédie de Lac-Mégantic, prévient Ottawa qu'il devra «fort probablement» allouer plus de ressources à la sécurité ferroviaire s'il va de l'avant avec certaines recommandations.

Transports Canada a discrètement rendu publics vendredi trois rapports que la ministre avait commandés auprès de l'industrie sur le transport des matières dangereuses.

Dans l'un de ces rapports, un groupe de travail recommande l'imposition de plans d'intervention d'urgence (PIU) pour les liquides inflammables d'un niveau de danger allant de moyen à élevé, comme certaines catégories de pétrole brut.

Et il prévient également Ottawa: pour ce faire, il va «fort probablement» devoir délier les cordons de sa bourse.

Selon le groupe présidé par Chris Powers, de l'Association canadienne des chefs de pompiers, il est impossible de savoir si la Direction générale du transport des marchandises dangereuses a actuellement les ressources nécessaires pour «approuver, inspecter et tenir à jour» les PIU.

Il rappelle que des coupes budgétaires ont été imposées à cette division et signale que la mise en place de nouveaux plans d'intervention d'urgence en augmentera la charge de travail.

«La Direction générale a été grandement touchée par les réductions budgétaires continues, et de nouveaux fonds seront fort probablement nécessaires pour gérer la hausse de la charge de travail si les PIU doivent tenir compte des liquides inflammables», peut-on lire dans le rapport.

Le pétrole que transportait le convoi qui a détruit le centre-ville de Lac-Mégantic et causé la mort de 47 personnes, en juillet dernier, comportait toutes les caractéristiques d'une matière dangereuse de classe 3 (inflammable), groupe d'emballage II (GE II, niveau de danger moyen), mais il avait été étiqueté GE III (niveau de danger faible), laissant ainsi croire que le brut transporté était moins dangereux qu'il ne l'était en réalité.

Cette erreur n'aurait toutefois pas eu d'incidence sur le cours des événements. Car si le transport de certaines marchandises dangereuses doit être accompagné d'un PIU, cette exigence ne s'applique pas au pétrole - même lorsqu'il circule sur les rails en grande quantité.

Dans son rapport, le groupe de travail recommande que des PIU soient exigés pour la marchandise inflammable de niveau de danger moyen (GE II) et élevé (GE I), notamment pour faciliter la gestion d'éventuels incendies.

«La plupart des forces d'intervention en cas d'incidents liés à des marchandises dangereuses n'ont pas la formation ni le matériel requis pour lutter contre les feux de liquides inflammables», écrit le groupe.

«Les liquides inflammables exigent également beaucoup plus de ressources (personnel, mousse, équipement, alimentation en eau, etc.) que de nombreuses autres marchandises dangereuses.»

Le même groupe déplore par ailleurs le manque de données sur le transport des matières dangereuses.

«Sans données sur les mouvements et les volumes de marchandises dangereuses, il n'est pas possible de savoir quelles collectivités sont exposées et dans quelle mesure», peut-on lire.

Pour le porte-parole adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de transport, Hoang Mai, il est impératif que le gouvernement conservateur injecte davantage de fonds pour assurer la sécurité ferroviaire au pays.

«On sait qu'il manque de ressources et on déplore le fait que le gouvernement n'a rien fait dans le dernier budget à ce niveau-là», souligne-t-il. Il rappelle que le vérificateur général a souligné d'importantes lacunes quant à l'inspection des compagnies de chemin de fer dans son dernier rapport en novembre.

Le bureau de la ministre Raitt n'a pas été en mesure de répondre aux questions de La Presse Canadienne lundi concernant le suivi qu'elle comptait faire aux recommandations des groupes de travail.

Au début du mois, elle avait semblé satisfaite de leurs efforts, qualifiant les rapports de «vraiment excellents».

Les rapports commandés par Mme Raitt portent également sur la classification du pétrole transporté par chemin de fer et les wagons-citernes DOT-111.