Alors que le Bloc québécois se prépare à choisir un successeur à Daniel Paillé, la moitié des Québécois - et un souverainiste sur trois - se questionnent sur sa pertinence à Ottawa, révèle un sondage CROP réalisé pour La Presse.

La moitié des 1000 répondants sondés dans le cadre de l'enquête a mis en cause la présence du parti souverainiste à la Chambre des communes. Seulement le tiers d'entre eux l'a jugée «très pertinente» (12%) ou «assez pertinente» (22%).

«C'est certain que les gens qui ne votent pas pour le Bloc québécois le trouvent moins pertinent, dit le vice-président de CROP, Youri Rivest. Mais ce qui me frappe, c'est de voir des souverainistes qui pensent que le Bloc n'est pas pertinent.»

En effet, 31% des personnes qui voteraient oui dans un référendum sur l'indépendance se trouvent dans le camp des sceptiques. Presque un électeur du Bloc sur cinq - 18% - se demande lui aussi si la formation politique a toujours sa place dans la capitale fédérale.

Quant à la raison d'être du Bloc, le tiers des répondants juge qu'elle devrait être la défense des intérêts du Québec. À peine 3% des personnes sondées estiment que la promotion de la souveraineté devrait être son principal cheval de bataille

Selon Youri Rivest, ces données indiquent que le prochain chef du Bloc devra renouer avec la recette qui a permis à Gilles Duceppe de faire élire une cinquantaine de députés à plusieurs reprises jusqu'à la dégelée de mai 2011.

«Il y a environ 30% des Québécois qui se disent québécois avant tout, mais confortables dans le Canada, note M. Rivest. Gilles Duceppe, en disant qu'il défendait les Québécois, réussissait à parler à ces gens-là.»

Les intentions de vote à l'égard du Bloc québécois, elles, restent stables. Son score de 17% est le même que lors de la dernière enquête CROP-La Presse en décembre.

Rappelons que la démission de Daniel Paillé juste avant Noël a ravivé le débat sur la pertinence du parti à Ottawa. Le militant indépendantiste Yves Michaud a lancé un pavé dans la mare, début janvier, lorsqu'il a affirmé à La Presse Canadienne que le Bloc a suffisamment «prêché dans le désert» et qu'il devrait fermer boutique. Gilles Duceppe a donné la réplique en affirmant au Journal de Montréal que, sans le Bloc, les souverainistes ne seront représentés par aucun parti dans la capitale fédérale.

- Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance