La création d'un État palestinien «prospère et indépendant» est une condition sine qua non d'une paix durable entre Palestiniens et Israéliens, affirme le ministre des Affaires étrangères, John Baird. Le chef de la diplomatie canadienne se montre par ailleurs optimiste face aux pourparlers de paix sous la houlette du secrétaire d'État américain John Kerry.

À deux semaines de la première visite officielle du premier ministre Stephen Harper en Israël et en Cisjordanie, M. Baird a pris soin de remettre les pendules à l'heure quant à la position du gouvernement conservateur sur le Proche-Orient.

Si certains ont pu croire au fil des ans que le gouvernement Harper avait fait une croix sur la création d'un État palestinien en offrant un appui indéfectible à Israël, ils ont tiré des conclusions hâtives et mal fondées, a affirmé le ministre dans une entrevue accordée à La Presse hier.

«Nous soutenons fortement la solution à deux États. Nous voulons voir un État palestinien prospère et indépendant qui vit en paix, en sécurité et en prospérité avec son voisin juif», a déclaré le ministre, ajoutant que le gouvernement Harper a maintenu de bonnes relations avec l'Autorité palestinienne et son leader Mahmoud Abbas.

«Nous avons des différences d'opinions raisonnables. Ils respectent le fait que nous sommes un État souverain et que nous adoptons nos propres positions», a-t-il affirmé.

Appui ouvert à Israël

Historiquement, le Canada a toujours favorisé la solution de deux États, mais il s'était gardé d'afficher ouvertement son appui à l'une ou l'autre des deux parties. Sous la houlette des conservateurs de Stephen Harper, cela a changé. Le premier ministre ne rate jamais une occasion de donner son appui au gouvernement d'Israël. En novembre 2012, le Canada a été l'un des neuf pays à s'opposer à l'octroi du statut d'État non membre à l'Autorité palestinienne par l'ONU.

M. Harper se verra d'ailleurs récompensé pour cet appui lors de son voyage en Israël. Un centre d'interprétation d'oiseaux migrateurs, dans la vallée de la Houla, sera nommé en son honneur.

«La sécurité du peuple juif est une chose sur laquelle aucun leader israélien ne peut faire de compromis, a martelé John Baird. Au cours du dernier siècle, on a vu six millions de juifs exterminés. Le premier ministre du Canada doit porter l'unité canadienne sur ses épaules. Le premier ministre israélien doit porter l'avenir du peuple juif sur ses épaules. Or, vous avez des gens dans cette région dont les dirigeants ont dit qu'Israël doit être rayé de la carte.»

Des négociations de bonne foi

Après avoir été interrompues pendant trois ans, les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens ont repris en juillet sous l'impulsion de John Kerry. Ces négociations devraient prendre fin le 29 avril.

À cet égard, M. Baird s'est dit convaincu que les deux parties négocient de bonne foi. «Je crois qu'Israël est plus engagé dans ces pourparlers que ses détracteurs l'affirment. Lors de ma dernière visite à Ramallah, j'ai rencontré le président Abbas et je l'ai trouvé plus engagé qu'il l'était avant.»

Des éloges pour John Kerry

Au cours de l'entrevue, M. Baird a louangé à maintes reprises les efforts déployés par son homologue américain, qui a effectué une dizaine de visites dans la région pour soutenir les pourparlers de paix. M. Baird a notamment relevé que M. Kerry a impliqué dans ses démarches la Jordanie et l'Arabie saoudite, deux pays susceptibles de jouer un rôle crucial si un accord formel était conclu.

«Je crois que les deux parties, Israël et l'Autorité palestinienne, vont devoir prendre des décisions très difficiles, des décisions courageuses.»

M. Baird rencontrera M. Kerry à Washington mardi prochain et cette question figurera à l'ordre du jour, tout comme la construction du pipeline Keystone XL vers le golfe du Mexique.