Le Parti vert est en voie d'émerger comme un acteur politique important sur la scène fédérale, notamment dans l'Ouest canadien, et sa chef Elizabeth May vise rien de moins que de faire élire une douzaine de députés aux élections de 2015. Elle fonde aussi de grands espoirs au Québec, où elle mise sur un retour de son joueur étoile, Georges Laraque.

La formation politique a fait tourner bien des têtes lors des élections partielles en Alberta et en Colombie-Britannique, à la fin de 2012. Elle est venue à quelque 1000 votes de ravir le bastion néo-démocrate de Victoria, en plus d'obtenir 26% des suffrages dans la circonscription conservatrice de Calgary-Centre.

Un an plus tard, Mme May a convaincu le député Bruce Hyer, ancien néo-démocrate devenu indépendant, de se joindre à son parti. Elle a du coup doublé ses effectifs au Parlement fédéral.

La leader verte vise maintenant l'élection de 12 députés au scrutin de 2015.

«À 12, nous serions un parti officiel avec les ressources comme les autres, les droits comme les autres, a-t-elle indiqué. Nous pourrions participer aux comités et avoir plus de ressources.»

Elle reconnaît toutefois avoir beaucoup de chemin à faire pour atteindre cet objectif. Au cours des derniers mois, elle dit avoir été sévèrement limitée dans son temps de parole à la Chambre des communes.

Puisqu'ils ne sont pas autorisés à faire partie des comités, les députés indépendants ont le droit de présenter des amendements aux projets de loi qui sont débattus aux Communes. Mme May s'est servie de ce privilège pour présenter des douzaines d'amendements au superprojet de loi C-45, ce qui a eu pour effet de retarder son adoption.

La majorité conservatrice a cependant trouvé une astuce pour court-circuiter le travail d'obstruction de Mme May. Ils l'ont invitée à présenter ses amendements en comité, ce qui restreint le temps dont elle dispose pour les défendre.

Celle qui a été nommée parlementaire de l'année par le magazine Maclean's en 2012 se dit «découragée un peu» par la stratégie conservatrice.

«Je trouve que c'est plus difficile en 2013», souligne-t-elle.

Au Québec

Mme May a reçu une autre tuile en octobre, lorsque son militant le plus célèbre au Québec, Georges Laraque, a été accusé de fraude en lien avec un partenariat d'affaires qui a mal tourné. Il a dû se retirer de l'élection partielle dans Bourassa et quitter son poste de chef adjoint du Parti vert.

Les verts, qui n'ont obtenu que 2% des votes dans la province aux élections de 2011, comptaient beaucoup sur l'ancien attaquant du Canadien de Montréal. C'était la première fois qu'une personnalité connue des Québécois épousait leur cause.

«Moi-même, je ne suis pas bien connue au Québec, reconnaît Mme May. Je ne suis pas dans les médias du Québec fréquemment. Alors on doit avoir quelqu'un qui est capable de présenter le message du Parti vert.»

Elle se dit convaincue que le tribunal reconnaîtra son joueur étoile innocent. Si c'est le cas, elle croit pouvoir causer des surprises au scrutin de 2015.

«Je pense que les votes au Québec restent fluides après la défaite du Bloc québécois, qui n'a pas remonté dans les sondages, dit-elle. Il y a des sièges qu'il est peut-être possible de remporter pour nous.»