Stephen Harper prédit que la charte des valeurs québécoises est tout simplement vouée à l'échec, compte tenu du caractère minoritaire du gouvernement de Pauline Marois. Bref, pas la peine de s'emballer pour une initiative qui risque «d'aller nulle part».

Le premier ministre, qui répondait pour la première fois à des questions sur le texte controversé mis de l'avant par le gouvernement du Parti québécois, a assuré que si une province devait adopter une législation discriminatoire, le fédéral agirait.

Mais si, à ses yeux, Ottawa aurait le «devoir» d'intervenir, il croit qu'il n'aura pas à le faire.

«Malgré, évidemment, le désir du gouvernement péquiste d'avoir des confrontations dans la société, avec Ottawa, avec d'autres provinces, la réalité est que trois des quatre partis de l'Assemblée nationale s'opposent à cette charte», a insisté M. Harper en point de presse à Vancouver, lundi.

«Et avec un gouvernement minoritaire, c'est impossible de faire adopter une telle charte dans une telle situation.»

Selon M. Harper, les priorités des Québécois, comme du reste des Canadiens, tournent autour de l'économie, de la création d'emploi et de la lutte contre le crime. Et son analyse est que l'opinion publique sur la question est «en train de changer».

«Moi j'ai beaucoup de confiance sur le gros bon sens des Québécois dans ce débat», a-t-il noté.

À Québec, le ministre responsable du dossier, Bernard Drainville, a répliqué en demandant au premier ministre Harper «de respecter le droit des Québécois de décider d'une façon démocratique des règles communes et des valeurs communes qu'ils souhaitent se donner».

À l'entrée d'une réunion du caucus des députés péquistes, M. Drainville a lancé un appel au calme, en demandant à tous de respecter le point de vue de l'autre.

Il a réaffirmé rechercher le plus large consensus possible, «et on pense qu'on va y arriver à force de discuter», a-t-il dit à propos de la charte, qui fera l'objet d'un projet de loi cet automne.

Le débat autour du projet de charte «est bien lancé», a-t-il ajouté en point de presse, notant que depuis la publication, la semaine dernière, des orientations gouvernementales, pas moins de 80 000 visiteurs avaient consulté le site Internet de la charte et que 8000 personnes avaient laissé un commentaire.

Un sondage publié lundi dans le Journal de Montréal suggère que les Québécois sont fortement divisés sur la charte, 43 pour cent se disant en faveur et 42 pour cent s'y opposant, le reste n'ayant pas d'opinion.