La réélection de Barack Obama confirmée, les élus américains doivent maintenant retrousser leurs manches pour prévenir une nouvelle crise budgétaire qui plongerait les États-Unis et le Canada en récession, ont convenu hier le gouvernement Harper et les partis de l'opposition.

En voyage officiel en Inde, le premier ministre Stephen Harper a félicité M. Obama pour sa réélection.

«Je me réjouis de travailler avec l'administration Obama au cours des quatre prochaines années, à trouver des moyens d'accroître le commerce et l'investissement entre nos pays», a déclaré M. Harper.

Mais à Ottawa, ses principaux lieutenants ont affirmé qu'une lourde tâche attend le président Obama: trouver un compromis avec les républicains qui dominent la Chambre des représentants pour empêcher le gouvernement américain de frapper un mur financier.

«Il y aura beaucoup de travail à faire avec le Sénat, avec la Chambre des représentants, a indiqué à La Presse le ministre des Affaires étrangères, John Baird. C'est une décision majeure pour eux.»

Les baisses d'impôt annoncées sous le président George W. Bush viennent à échéance à la fin de l'année, au moment précis où une série de compressions sont programmées dans différents ministères.

«Bien sûr que nous sommes inquiets, a reconnu le ministre des Finances, Jim Flaherty. Si le risque d'un fossé fiscal devenait une réalité, l'effet sur le PIB des États-Unis serait de 4% ou 5%. Cela mettrait l'économie américaine en récession et l'économie canadienne suivrait de près.»

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, n'avait pas caché sa préférence pour M. Obama dans les jours qui ont précédé le scrutin. Il souhaite que la réélection du président démocrate relance des initiatives pour lutter contre les changements climatiques.

Quant à la crise budgétaire qui pointe à l'horizon aux États-Unis, M. Mulcair estime qu'Ottawa doit jouer un rôle actif dans la résolution du problème.

«Au lieu de donner des leçons de morale, de montrer du doigt et de mettre l'index sous le nez du voisin, comme ils font avec l'Europe, j'espère que le Canada va utiliser toute son expérience et son expertise pour contribuer positivement à résoudre ces graves crises», a affirmé le chef néo-démocrate.

Le chef libéral, Bob Rae s'est lui aussi montré préoccupé par la situation fiscale, bien qu'il voie mal comment le Canada pourrait intervenir pour la résoudre.

«On ne va pas donner des suggestions précises au gouvernement américain [quant aux façons de faire], a-t-il affirmé. Mais nous sommes tous impliqués dans la solution. Parce que si les Américains ne trouvent pas une solution au problème, ça va avoir un impact très négatif sur le Canada.»

Pipeline Keystone XL

Le Canada et les États-Unis travaillent à plusieurs projets visant à faciliter le commerce aux frontières, et l'élection de mardi n'y changera somme toute pas grand-chose. Outre le rejet par les citoyens du Michigan d'une initiative visant à bloquer la construction d'un nouveau pont entre Detroit et Windsor (voir La Presse Affaires), le pipeline Keystone XL était le seul dossier canadien débattu par Barack Obama et son rival Mitt Romney. L'administration Obama avait mis le projet d'envergure sur la glace l'automne dernier en raison de préoccupations environnementales, mais un nouveau tracé doit être proposé sous peu.

Même si M. Obama reste à la Maison-Blanche, le ministre Baird a bon espoir que le projet aille de l'avant.