Conscient que son parti à une côte abrupte à remonter au Québec, le ministre d'État responsable des petites entreprises, Maxime Bernier, a fait une tournée des régions du Québec durant l'été afin de prendre le pouls de la population et renverser une tendance inquiétante pour le gouvernement Harper.

M. Bernier a confirmé à La Presse qu'il a passé une bonne partie de l'été à sillonner le Québec afin d'entendre les préoccupations des gens et mieux expliquer les politiques controversées de son gouvernement, en particulier la réforme de l'assurance-emploi et les compressions budgétaires imposées dans le cadre de la lutte contre le déficit.

5 sièges sur 75 au Québec

Les conservateurs ne détiennent que 5 des 75 sièges au Québec. Depuis leur retour au pouvoir, en 2006, ils n'y ont jamais détenu plus de 11 sièges. Depuis les élections de mai 2011, le NPD compte 58 sièges, le Parti libéral, 8 sièges et le Bloc québécois, 4 sièges.

Dans les sondages, les appuis au Parti conservateur dépassent à peine les 15% au Québec, tandis que le taux d'insatisfaction des Québécois envers le gouvernement Harper frise les 70%. Des militants conservateurs ont d'ailleurs reproché au premier ministre son absence au Québec.

«Le défi est plus grand pour nous au Québec que partout ailleurs au Canada. C'était important de sillonner le Québec. En tant que conservateur et député du Québec, je veux qu'il y ait plus de députés de mon parti élus au Québec aux prochaines élections. Pour ce faire, il faut être présent sur le terrain. Il faut expliquer nos politiques et être à l'écoute des gens», a affirmé M. Bernier.

Une première

C'est la première fois qu'un ministre du gouvernement Harper consacre une partie de son été à visiter les régions du Québec. À l'époque où il dirigeait le Bloc québécois, l'ancien chef Gilles Duceppe faisait une tournée estivale du Québec chaque année, en août, afin de rencontrer les Québécois et de prendre le pouls de la population. Des stratèges des autres partis avaient reconnu que cette stratégie avait permis à M. Duceppe d'être bien au courant des préoccupations des régions du Québec et d'entreprendre la nouvelle session parlementaire avec force.

Maxime Bernier s'est notamment rendu dans les régions du Québec, comme la Gaspésie, qui présente un taux de chômage élevé et où les changements au programme d'assurance-emploi annoncés dans le dernier budget ont été mal accueillis.

«De la mauvaise publicité»

«Nous avons eu de la mauvaise publicité. Les députés du NPD ont décrié notre politique. Mais ce que j'ai dit aux gens que j'ai rencontrés, c'est que l'assurance-emploi ne doit pas être un hamac, mais un filet de sécurité sociale», a expliqué le ministre.

«Dans ces régions, il y a aussi une pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs, même si le taux de chômage est élevé. Il faut s'assurer que les gens puissent répondre à la demande des entrepreneurs dans ces régions et dans toutes les régions du Canada», a-t-il ajouté.

M. Bernier a aussi prêché les vertus de la discipline budgétaire à Ottawa, puis a souligné que la crise de l'endettement de certains pays de l'Union européenne contribue à la fragilité de l'économie mondiale.

La carte de crédit

«C'est en payant ses dettes que l'on s'enrichit. C'est vrai pour un particulier. C'est vrai pour un gouvernement. Ce n'est pas en dépensant jusqu'à la limite de sa carte de crédit que l'on s'enrichit. C'est pour cela que l'on coupe dans nos dépenses, sans augmenter les taxes et les impôts, pour éliminer le déficit. Les gens comprennent cela et ils sont d'accord avec cela», a dit M. Bernier.

La principale préoccupation des Québécois? «Ce sont des emplois, des emplois, des emplois. Les dernières élections au Québec l'ont d'ailleurs démontré: 58% des Québécois ont voté soit pour la Coalition (CAQ) ou pour le Parti libéral, deux partis qui ne veulent pas rouvrir le dossier constitutionnel et veulent se concentrer sur la création d'emplois. Je n'ai entendu personne me demander de rouvrir le dossier constitutionnel. C'est à l'image des résultats des élections», a-t-il conclu.