Un député néo-démocrate de Terre-Neuve qui a tenu des propos cinglants à l'endroit du Québec avant de faire le saut en politique fédérale l'an dernier a décidé d'appuyer... un candidat du Québec, Thomas Mulcair, dans la course à la direction du NPD.

Ce député, Ryan Cleary, qui représente la circonscription de St. John's Sud-Mount Pearl à la Chambre des communes depuis les dernières élections, a affirmé hier qu'il appuie Thomas Mulcair parce qu'il a «l'étoffe d'un premier ministre» et qu'il peut «mener les néo-démocrates à la terre promise».

«Il a les meilleures chances de devenir le prochain premier ministre du Canada. C'est aussi simple que cela. Il peut occuper le poste demain matin et je pense qu'il peut faire le job. Il a une personnalité qui est semblable à la mienne. Il a toutes les qualités pour se mesurer à Stephen Harper et j'aime cela», a affirmé M. Cleary, joint hier par La Presse. Le député a confirmé son appui à Thomas Mulcair le 27 janvier.

Avant de faire le saut en politique, M. Cleary travaillait dans le domaine du journalisme et en juin 2010, il avait écrit sur son blogue que le Canada représente «l'un des meilleurs pays du monde».

«Mais cela ne veut pas dire que nous n'avons pas de problème. Je peux en énumérer quelques-uns. En voici un: le Québec. Et un deuxième: le Québec», avait-il notamment écrit sur son blogue, le 29 juin 2010.

Dans d'autres commentaires, M. Cleary soulignait que le Québec jouissait d'une grande influence au pays. «Le Québec contrôle le bureau du premier ministre. Le Québec domine la Cour suprême du Canada. Le Québec contrôle la bureaucratie à sa guise - le bilinguisme se charge de tout cela. Le Québec a le contrôle sur tout et il n'est pas près de l'abandonner», avait-il affirmé dans un éditorial publié dans le journal The Independant, le 16 janvier 2005.

Ressources hydroélectriques

À ce sujet, M. Cleary a indiqué que ses commentaires ne visaient pas les Québécois, mais le gouvernement du Québec qui, selon lui, s'entête à mettre des bâtons dans les roues de Terre-Neuve-et-Labrador dans le développement de ses ressources hydroélectriques.

«Il faut connaître le contexte dans lequel j'ai écrit ces commentaires, a dit M. Cleary. Un des problèmes que les gens de Terre-Neuve-et-Labrador ont eus au cours des 40 ou 50 dernières années est relié au contrat de développement du projet hydroélectrique de Churchill Falls. Ce contrat est légal, mais il est immoral parce qu'il rapporte plus d'un milliard par année au Québec, mais ne donne que de l'argent de poche à notre province.»

La société d'État Énergie Terre-Neuve-et-Labrador (Nalcor) tente de forcer le gouvernement du Québec à rouvrir ce contrat depuis quelques années, mais sans succès. Le contrat doit prendre fin en 2041.

«Il y a des frictions entre le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et celui du Québec. Je ne peux pas dire que c'est aussi le cas entre les Terre-Neuviens et les Québécois. Je travaille avec des Québécois et je peux dire que ce sont des gens formidables. Nous avons plus en commun qu'on le pense. Mais j'aimerais bien que le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador travaillent plus ensemble. C'est tout», a précisé M. Cleary.

La porte-parole de Thomas Mulcair, Chantal Turgeon, n'a pas donné suite à l'appel et au courriel de La Presse à ce sujet, hier. M. Mulcair jouit de l'appui de 39 députés du NPD, dont une trentaine du Québec.

Le prochain chef du NPD sera élu par les militants le 24 mars à Toronto. Sept candidats sont toujours en lice à la suite du désistement, hier, du député Romeo Saganash. Outre M. Mulcair, les autres candidats sont les députés Paul Dewar, Peggy Nash, Niki Ashton et Nathan Cullen, ainsi que l'ancien président du NPD Brian Topp et l'homme d'affaires de la Nouvelle-Écosse Martin Singh.

Un troisième débat entre les candidats aura lieu dimanche dernier, à Québec, sur le thème des affaires étrangères.

La date limite pour devenir membre du NPD afin de voter pour le prochain chef est le 18 février. Les membres peuvent voter par la poste d'ici deux semaines, en ligne ou le jour du congrès.