Le Canada devrait acquérir de nouveaux pouvoirs en vertu du nouveau périmètre de sécurité conclu avec les États-Unis.

Ottawa aura ainsi plus de moyens pour traquer les bénéficiaires de l'assurance emploi quittant le pays, en plus de mieux surveiller les nouveaux arrivants dont la durée du séjour au Canada ne correspond pas aux critères requis pour obtenir la résidence permanente.

Un ancien diplomate canadien ayant échangé avec ceux qui ont négocié l'entente a mentionné que les pouvoirs prévus dans le document coûteraient 1 milliard $.

Colin Robertson, un ex-diplomate ayant représenté le Canada à Washington, a précisé en entrevue avec La Presse Canadienne dimanche que l'élément principal de l'accord sera un nouveau système d'entrée et de sortie des citoyens traversant la frontière.

Le gouvernement fédéral ne conserve pas de données sur les personnes qui quittent le territoire canadien, et les États-Unis ont fait pression auprès d'Ottawa pour qu'une telle collecte soit amorcée à titre de nouvelle mesure de sécurité.

L'affaire est toutefois contestée par certains observateurs, qui y voient une perte de souveraineté pour le Canada.

L'entente devrait être annoncée mercredi, alors que le premier ministre Stephan Harper se rendra à la Maison-Blanche. Cette annonce survient dix mois après le début des négociations pour le nouveau périmètre, qui doit protéger le continent des menaces terroristes tout en accélérant le déplacement des individus et des produits à la frontière.

La Presse Canadienne avait rapporté il y a deux mois que l'accord coûterait aux contribuables canadiens 1 milliard $ pour les nouvelles installations frontalières et les programmes facilitant le commerce et le déplacement des personnes.

M. Robertson a quant à lui indiqué avoir été informé qu'il en coûterait tout autant pour mettre en oeuvre le système de collecte de données pour l'entrée et la sortie de personnes.

La mesure servirait ainsi à contrer les immigrants violant le système canadien qui ne demeurent pas au pays pendant la durée requise pour conserver le statut de résident permanent, à savoir deux années complètes sur une période de cinq ans.

«Nous serons désormais en mesure de les surveiller. Si vous êtes sensé être résident du pays et que vous partez en Floride six mois par année, nous allons maintenant le savoir», a expliqué M. Robertson.

L'Agence des services frontaliers du Canada ne recueille actuellement qu'une partie de ces données, par le truchement des formulaires de douane remplis par les voyageurs rentrant au pays en avion.

Avec l'adoption de ces nouvelles mesures, le Canada rejoindrait les rangs du Royaume-Uni, de l'Australie et de l'Union européenne en la matière.

En vertu du nouvel accord, les autorités canadiennes transféreront au département américain de la Sécurité intérieure leurs informations sur les voyageurs ayant quitté en voiture ou en train les États-Unis, et vice-versa.

«Nous conserverons des systèmes distincts», a mentionné M. Robertson, ajoutant que le Canada et les États-Unis ne deviendraient pas un espace où les voyageurs peuvent circuler librement une fois sur le territoire d'un pays, à l'instar de l'Union Européenne.

«Nous maintiendrons nos politiques respectives en matière de visa, parce que ce n'était pas là l'objectif. Nous ne nous dirigeons pas vers une mobilité complète des travailleurs», a-t-il ajouté.

M. Harper et le président américain, Barack Obama, devraient également annoncer des mesures facilitant l'accès aux autoroutes de part et d'autre de la frontière, a souligné M. Robertson.