Québec solidaire, Option nationale ou Parti québécois, peu importe: Maria Mourani a admis mardi soir qu'elle n'appuierait pas exclusivement le PQ lors de prochaines élections provinciales si elle était élue chef du Bloc québécois.

Questionnée directement par une militante au cours du troisième débat de la course à la chefferie du Bloc québécois, la députée d'Ahuntsic a fait valoir qu'elle respecterait le choix de tous les membres du Bloc, peu importe quelle formation politique recueillera leur vote lors d'un éventuel scrutin.

«Il faut arrêter de penser qu'on a des chasses gardées. Il faut arrêter de dénigrer les autres partis politiques. Ce sont aussi des souverainistes. Et moi mon objectif, c'est le plus de souverainistes possible à l'Assemblée nationale, quelque soit leur couleur politique», a-t-elle affirmé.

«Je respecterai le choix de tous les militants du Bloc québécois.»

Pour une dernière fois, mardi soir, les trois candidats à la chefferie du Bloc québécois tentaient de convaincre les membres du parti de leur permettre de succéder à Gilles Duceppe.

Le débat s'est déroulé dans un studio de Montréal devant une poignée de militants, mais a été diffusé sur Internet. En moyenne, 300 internautes étaient branchés, selon le parti.

Daniel Paillé s'est vivement opposé à Maria Mourani sur la question de l'appui au Parti québécois.

Le mouvement souverainiste ne doit pas se diviser et le Bloc doit appuyer d'une même voix le PQ afin de porter au pouvoir un gouvernement souverainiste majoritaire à Québec, a-t-il fait valoir.

Selon lui, ce n'est pas en permettant à des candidats de Québec solidaire ou d'Option nationale de prendre des circonscriptions que le Québec se dotera rapidement d'un premier ministre souverainiste.

«C'est en diminuant le nombre de sièges du Parti québécois qu'on va obtenir une majorité? Là, il y a des mathématiques qui ne marchent pas», a-t-il répliqué à Maria Mourani.

L'ancien député d'Hochelaga, proche de Gilles Duceppe, a expliqué agir ainsi au nom du réalisme politique.

«Actuellement, le 22 novembre 2011, le parti politique souverainiste qui a le plus de possibilités de prendre le pouvoir à Québec, et donc de déclencher le processus de l'accession à la souveraineté, à mon humble avis, c'est le Parti québécois», a-t-il expliqué en marge du débat.

«Moi, je suis péquiste avant, pendant et après la course au leadership.»

Même son de cloche du côté de Jean-François Fortin. Le jeune député de 38 ans, élu pour la première fois le 2 mai dernier, se range derrière Daniel Paillé.

«Notre objectif, c'est d'avoir un gouvernement qui pourra nous amener vers l'indépendance», a-t-il affirmé.

Les trois candidats ont discuté de la reconstruction de leur formation politique, dévastée par le scrutin du 2 mai dernier, et de la place de la nation québécoise dans le Canada. L'économie a aussi fait aussi l'objet d'échanges.

Il ne reste que quatre députés bloquistes aux Communes, dont Mme Mourani et M. Fortin.

Lors des deux premiers débats officiels, tenus plus tôt en novembre à Québec et à Montréal, Maria Mourani avait préconisé de nouvelles négociations constitutionnelles avant que le Québec n'accède à la souveraineté.

La députée d'Ahuntsic s'était retrouvée complètement isolée sur cette question.

Aux yeux de ses deux adversaires, la seule façon pour le Québec d'accroître sa marge de manoeuvre politique est d'accéder à l'indépendance.

Jean-François Fortin avait même asséné une véritable gifle politique à Mme Mourani, l'accusant de vouloir faire du Bloc québécois un parti fédéraliste qui se complaît dans son statut de province. La députée avait vivement protesté.

Chacun de ces débats avait rassemblé quelque 200 militants.

Le nouveau chef du Bloc québécois sera couronné le 11 décembre prochain.