Michael Ferguson a admis lundi qu'il devrait améliorer son français s'il veut s'acquitter de ses tâches comme vérificateur général, et il se donne un an pour y arriver.

Le candidat à la succession de Sheila Fraser, qui est unilingue anglophone, a vécu un passage difficile devant un comité parlementaire, lundi. Il a fait face à un flot de questions sur sa capacité à communiquer en français.

M. Ferguson a commencé sa présentation en lisant une déclaration dans un français parfaitement compréhensible, dans laquelle il admet devoir améliorer ses connaissances dans cette langue.

«Je n'ai pas encore atteint un niveau de compétence suffisant en français, a-t-il concédé. Je suis conscient que, afin de bien respecter le Parlement et les citoyens du Canada, je devrai améliorer mes capacités linguistiques en français.»

Il promet d'ailleurs de s'atteler à la tâche dès son entrée en fonction.

«Je pense que je serai capable d'atteindre un niveau de compétence dans une période de temps raisonnable, je dirais à l'intérieur d'un an», a-t-il précisé lors d'un échange avec un député.

Mais le passage de M. Ferguson devant les parlementaires s'est corsé lorsqu'il a été questionné par les députés de l'opposition. Il a été incapable de répondre à des questions adressées à lui en français, sauf quelques phrases qu'il avait préparées.

«Est-ce que vous êtes capable de répondre en français sans lire votre texte?», lui a demandé le député libéral Mauril Bélanger.

«J'ai préparé des déclarations en français parce que je m'attendais à des questions sur mes capacités en français, lui a répondu M. Ferguson, en anglais. Mes capacités en français sont plutôt en matière de lecture et de compréhension. J'ai encore une faiblesse au niveau de la conversation et c'est cet aspect que je dois améliorer.»

M. Ferguson a par ailleurs révélé qu'il n'a pas formellement soumis sa candidature pour le poste. Il a plutôt été approché par une firme de chasseurs de têtes.

Le gouvernement Harper a toujours maintenu que Michael Ferguson avait été désigné parce qu'il était le candidat le plus compétent pour la tâche. Hier encore, le député conservateur Mark Warawa a souligné que la connaissance du français n'est qu'un des 28 points d'une grille d'évaluation à laquelle le candidat a été soumis.

«Malheureusement, a-t-il dit au comité, certains ont préjugé de votre admissibilité à ce poste et avant même votre comparution. Ils ont affirmé qu'ils ne vous soutiendraient pas, et je trouve cela regrettable.»

Récusation demandée

Cela n'a pas calmé les ardeurs des partis d'opposition, qui ont réitéré leurs critiques à l'égard de M. Ferguson. Le député néo-démocrate Yvon Godin estime qu'il doit carrément se récuser.

«C'est un officier du Parlement, pas une personne qui va aller travailler pour le gouvernement, a-t-il affirmé. Le Parlement doit avoir confiance en cette personne.»

Michael Ferguson a été vérificateur général du Nouveau-Brunswick - une province bilingue - de 2005 à 2010. Il a également servi comme sous-ministre aux Finances dans cette province avant d'être désigné par le gouvernement Harper comme successeur à Sheila Fraser.

Cette dernière a appuyé sa candidature, mais l'opposition souligne qu'elle contrevient aux dispositions mêmes de l'affichage du poste.

«Je ne peux faire autrement que de conclure qu'il ne parle pas français, et que les exigences du poste n'ont pas été respectées», a résumé le député libéral Mauril Bélanger.

M. Ferguson n'a pas répondu aux questions des journalistes à sa sortie de la salle.