Moins de réunifications familiales, plus d'immigration économique. Au cours des cinq dernières années, sous l'égide du gouvernement conservateur, le nombre d'immigrés reçus grâce à la réunification familiale a diminué de 24%, alors que dans le même temps, le nombre d'immigrés économiques a connu une hausse de 26%. Un changement qui inquiète le NPD. «Les conservateurs changent l'équilibre de notre système d'immigration», déplore Don Davies, député de Vancouver et porte-parole de l'opposition officielle en matière de citoyenneté et d'immigration.

Au coeur de ce changement, la réunification familiale. Les immigrés canadiens éprouvent en effet de plus en plus de difficultés à amener leurs conjoints, parents ou enfants restés au pays au Canada. «La réunification des familles est un véritable cauchemar», croit Sadia Groguhé, députée néo-démocrate de Saint-Lambert.

Le délai de traitement des dossiers de demandes de parrainage varie ainsi selon les régions du monde. Au Kenya, au bureau de visa canadien de Nairobi, qui dessert pas moins de 18 pays, le délai de traitement est de 32 mois. À l'inverse, certains bureaux de visas canadiens affichent une rapidité étonnante, si l'on se fie aux informations disponibles sur le site de Citoyenneté et Immigration Canada. C'est le cas de celui de Pékin, où le délai est de 4 mois.

«Le NPD demande plus de personnel dans les consulats étrangers. On pourrait aussi informatiser ces bureaux, comme l'a fait l'Australie, pour que les demandes soient traitées plus vite. Il y a des pas concrets que l'on peut prendre pour améliorer notre système», propose Don Davies.

Des modifications apportées en 2002 à la loi sur l'immigration amènent aussi leur lot de drames humains, croit le NPD. Le règlement 117 (9) d prévoit en effet qu'une personne ne peut être considérée aux yeux de l'immigration comme un membre de la famille si elle n'a pas été contrôlée par un agent au moment où son parrain a fait sa demande pour s'installer au Canada. Prévu pour limiter les cas de fraude, ce règlement nourrit de nombreux effets pervers.

«Si l'objectif initial de l'article est légitime, il a malheureusement des impacts plus larges et ne protège plus la famille comme un espace privilégié», déplore Don Davies. Ainsi, une personne qui est en union libre ou mariée, mais ne le spécifie pas au moment de sa demande, pourrait bien ne jamais pouvoir parrainer celle ou celui qui partage sa vie, même une fois la citoyenneté canadienne obtenue. «Il y a beaucoup de répercussions sociales, psychologiques, et beaucoup de détresse liée à ce statut d'immigration. Les répercussions sont énormes», constate Sadia Groguhé.

L'opposition officielle espère maintenant interpeller le ministre de l'Immigration Jason Kenney sur le règlement 117 pour que sa portée se limite seulement aux cas avérés de fraude. «On veut travailler pour que tous les Canadiens puissent trouver justice», assure Mme Groguhé.