Le gouvernement Harper entreprend un virage important en matière de commerce international: sa nouvelle priorité sera de resserrer les liens économiques entre le Canada et la Chine.

Ce virage, confirmé hier par le ministre du Commerce international, Ed Fast, à l'issue d'une rencontre avec des membres du Conseil commercial Canada-Chine (CCCC), à Toronto, survient alors que le Canada tente par tous les moyens de diversifier ses échanges commerciaux afin de réduire sa dépendance envers les États-Unis, son principal partenaire commercial.

Plus de 80% des produits canadiens aboutissent aux États-Unis, mais la situation économique de l'Oncle Sam demeure précaire et l'administration Obama s'engage dans une difficile lutte contre un imposant déficit budgétaire qui risque d'avoir un effet négatif sur la croissance.

Voilà qui explique pourquoi le gouvernement Harper multiplie les accords de libre-échange avec d'autres pays et accentue ses efforts pour se rapprocher de pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil.

«Notre gouvernement cherche avant tout à créer des emplois et à accroître la prospérité pour tous les Canadiens qui travaillent dur. Un emploi sur cinq au Canada est lié aux échanges commerciaux. La Chine est maintenant la deuxième économie du monde, derrière les États-Unis. Par conséquent, il est primordial de resserrer davantage nos liens commerciaux avec ce puissant marché en vue de créer des débouchés pour les entreprises canadiennes», a affirmé hier le ministre Fast.

Échanges en hausse

La Chine est le deuxième partenaire commercial du Canada. En 2010, le commerce bilatéral de marchandises a atteint 57,7 milliards de dollars, alors que les échanges commerciaux entre les deux pays ont plus que triplé entre 2001 et 2010. Les deux pays négocient actuellement un accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers.

Dans le cas de la Chine, il s'agit d'un changement de cap majeur. À son arrivée au pouvoir en 2006, Stephen Harper a mis en suspens les relations sino-canadiennes. Les relations entre les deux pays se sont alors nettement refroidies, alors que les libéraux de Jean Chrétien avaient multiplié les gestes de séduction envers les autorités chinoises.

Stephen Harper avait même affirmé, la veille d'un sommet de l'APEC en 2007, qu'il n'avait pas l'intention de «brader» les droits de l'homme simplement pour avoir de meilleures relations commerciales avec la Chine et empocher «les puissants dollars» de ce pays.

Réchauffement graduel

Le premier ministre a tenté un retour vers les Chinois en faisant une première visite officielle en Chine en décembre 2009. Mais il avait été rabroué par son hôte, le premier ministre chinois Wen Jiabao. Depuis lors, les relations entre les deux pays se portent mieux et M. Harper devrait effectuer une deuxième visite officielle en Chine cet automne.

Le critique libéral Wayne Easter a applaudi ce virage, mais il estime que le gouvernement Harper a perdu cinq ans en négligeant cet important pays après son arrivée au pouvoir.

«Les conservateurs ont ignoré et insulté la Chine pendant cinq ans au lieu de continuer à construire sur les relations établies par Jean Chrétien et Paul Martin. Nous avons perdu cinq ans pour des raisons idéologiques. Ils ont finalement réalisé que la Chine est la deuxième plus importante économie au monde», a-t-il dit.