Sévèrement blâmée en décembre dernier par la vérificatrice générale, qui lui reproche de n'avoir retenu aucune des plaintes qu'elle a reçues à titre de commissaire à l'intégrité du secteur public, Christiane Ouimet a clamé son innocence, hier, devant un comité parlementaire.

Les membres du comité ont jugé son témoignage à ce point déroutant qu'ils comptent l'inviter de nouveau, mais cette fois en présence de la vérificatrice générale, Sheila Fraser, pour comparer leurs versions des faits.

«Le rapport de la vérificatrice générale semble avoir été accepté d'emblée sans contestation par le Parlement, a déclaré d'entrée de jeu l'ancienne commissaire. Mais l'objet de ma déclaration aujourd'hui est de précisément signaler des failles sérieuses et des constats erronés qui ont attaqué ma réputation et celle de mon bureau.»

Dans un rapport rendu public en décembre, Sheila Fraser a reproché à Mme Ouimet de n'avoir retenu aucune des 228 plaintes adressées au commissariat depuis sa création, en 2007. Elle lui a également reproché de commettre à l'égard de ses employés précisément le genre d'actes sur lesquels elle était censée enquêter: intimidation, marginalisation et manque de respect.

Le Commissariat à l'intégrité de la fonction publique a été créé dans la foulée du scandale des commandites par le gouvernement Harper, qui voulait donner une meilleure protection aux fonctionnaires désireux de dénoncer des actes répréhensibles.

Nommée pour sept ans par le Parlement, Christiane Ouimet en a été la première commissaire. Mais elle n'aura accompli que trois années de son mandat: elle a démissionné en octobre moyennant une indemnité de départ d'un demi-million de dollars.

C'est pour rétablir sa réputation qu'elle a décidé de rompre l'obligation de confidentialité à laquelle elle s'était engagée, a-t-elle expliqué aux députés. Elle leur a remis d'entrée de jeu une déclaration écrite de plus de 130 pages. Avec un certain aplomb, elle s'est décrite comme la victime d'une vendetta menée par «une poignée» d'employés de son bureau, jaloux de sa nomination, et de la vérificatrice générale, dont l'enquête, d'une durée de deux ans, frôlait le harcèlement.

Témoignant sous serment, mais à l'abri des poursuites judiciaires grâce à l'immunité parlementaire, elle a accusé le Bureau du Conseil privé, qui est en quelque sorte le secrétariat du bureau du premier ministre, de ne pas lui avoir laissé le choix de démissionner en lui présentant une offre de départ non négociable.

«Je n'étais pas bien, j'étais épuisée», a-t-elle martelé en réponse aux questions des députés, qui lui ont rappelé qu'elle était agente du Parlement, et non du gouvernement.

Quant au fait qu'elle n'a accueilli aucune des plaintes qu'elle a reçues, «j'ai la conscience tranquille», a-t-elle affirmé.

«Je suis convaincue que toutes les décisions ont été prises dans le meilleur intérêt de toutes les parties impliquées, après interprétation raisonnable et basée sur la loi.»

Elle a souligné que, au moment où elle a quitté son poste, 15 enquêtes étaient en cours et sur le point d'aboutir. Elle a exhorté les députés à la patience en attendant d'en voir le résultat.

Au bout de deux heures, elle a semblé avoir réussi à tout le moins à semer le doute dans l'esprit des parlementaires.

«Nous devons maintenant examiner les contradictions entre le rapport de la vérificatrice générale et votre réponse. C'est un grand défi», a conclu le président du comité, Joe Volpe, au terme de la réunion.