Les partis de l'opposition accusent le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, de s'être placé en situation de conflit d'intérêts en organisant une campagne publicitaire partisane destinée à séduire l'électorat chinois et asiatique dans la grande région de Toronto.

Non content de la démission, annoncée jeudi soir, d'un adjoint du ministre à la suite de cette nouvelle controverse, le Bloc québécois a joint sa voix à celle du NPD, vendredi, et réclamé la démission du ministre lui-même. «Ce n'est certainement pas la responsabilité du ministre de l'Immigration d'être le ministre de la propagande conservatrice auprès des communautés ethnoculturelles», a dénoncé le député bloquiste Pierre Paquette.

«Là où ça dépasse les bornes, c'est lorsqu'ils (les conservateurs) présentent le ministre de l'Immigration devant certains groupes et créent un quiproquo: appuyez-nous et vos problèmes d'immigration pourraient être résolus», a quant à lui déclaré le député néo-démocrate Pat Martin.

Sollicitation avec l'en-tête officiel des Communes

Ce nouvel orage au Parlement vient du fait qu'un adjoint du ministre Kenney a utilisé du papier à en-tête de la Chambre des communes pour solliciter des fonds pour une campagne publicitaire du Parti conservateur destinée à séduire l'électorat d'origine asiatique de la région de Toronto. La lettre a été envoyée par erreur à une députée néo-démocrate.

Quelques heures plus tard, le ministre a reconnu qu'il était illégal de solliciter des fonds à des fins partisanes à l'aide de ressources du Parlement et a accepté la démission de l'employé en question, son «directeur des affaires multiculturelles».

Le ministre n'était pas à Ottawa, vendredi. Pressé de questions aux Communes, le gouvernement s'est employé à fournir aux journalistes quelques exemples où des adversaires auraient eux aussi utilisé une adresse parlementaire pour amasser des fonds. Ce serait le cas du député libéral Shawn Murphy, qui aurait encouragé les militants libéraux à passer par son bureau de circonscription pour renouveler leur carte de membre.

Les partis de l'opposition ont vite rejeté la pertinence de ces attaques. «Le gouvernement essaie manifestement de nous distraire du problème plus large, qui est Jason Kenney», a tranché le libéral Navdeep Bains. De religion sikhe, ce député d'une banlieue de Toronto s'est dit offensé par le plan de campagne publicitaire des conservateurs, qui cible des circonscriptions qu'ils qualifient de «très ethniques».

Un porte-parole du ministre a répondu par courriel: «Depuis sa création, le nouveau Parti conservateur a fait de l'obtention de l'appui des Canadiens de toutes les origines ethniques une priorité. Nous allons continuer cet important travail et nous n'allons pas nous excuser de le faire.»