Le chef libéral Michael Ignatieff se dit prêt à régler le dossier de l'harmonisation de la Taxe de vente du Québec (TVQ) et de la Taxe sur les produits et services (TPS), et même à confier au Québec la perception de cette taxe harmonisée.

Le chef de l'Opposition officielle à la Chambre des communes a pris cet engagement, jeudi à Montréal, alors qu'il rencontrait la presse après avoir prononcé une allocution devant le Regroupement des jeunes chambres de commerce.

Dans son allocution, il a même dit trouver ridicule que ce dossier traîne encore, puisqu'à ses yeux, il y a belle lurette que le Québec a harmonisé sa taxe de vente avec celle du fédéral.

«Nous sommes actuellement dans une situation absolument ridicule, à mon avis, sur cette question de l'harmonisation des taxes de vente. On (le gouvernement fédéral) a fait l'harmonisation avec la Colombie-Britannique, avec l'Ontario. Le Québec l'a harmonisée il y a presque 20 ans de ça», a rappelé M. Ignatieff.

L'entente est pratiquement à portée de main, a-t-il soutenu, et il ne reste que des «détails» à régler, selon lui. «Pour moi, c'est une question d'équité.»

Il a toutefois refusé de s'engager à verser une compensation financière de 2,2 milliards $ au Québec, comme le demandent le Bloc québécois et le gouvernement du Québec. «Je n'entre pas dans les détails de l'harmonisation, parce que je ne suis que chef de l'opposition et je n'ai pas les dossiers devant moi», a-t-il répliqué aux journalistes.

Quand on lui a demandé s'il était prêt à confier au Québec la responsabilité de percevoir cette taxe harmonisée, il a catégoriquement répondu «oui, oui».

Le chef de l'opposition a également reproché au ministre des Finances Jim Flaherty de souffler le chaud et le froid sur cette question, pendant que le dossier ne se règle pas.

«Un jour monsieur Flaherty dit  «oui c'est possible'; l'autre jour il dit 'non'. Il fait du zigzag. Il se contredit. Le Québec, le gouvernement du Québec, a besoin de quelque chose de mieux. Nous pouvons et nous allons régler cette question d'harmonisation de taxes de vente pour le Québec, parce que nous croyons fermement que c'est une question d'équité dans un système fédéral», a déclaré le chef de l'Opposition officielle.

Vendredi dernier, le ministre québécois des Finances, Raymond Bachand, avait haussé le ton, las de voir ce dossier traîner en longueur. Il avait prévenu que l'harmonisation des taxes deviendrait un enjeu électoral au Québec, lors de la prochaine campagne fédérale, si le dossier n'était pas réglé d'ici là.

Oui au kirpan au parlement

Par ailleurs, le chef libéral a estimé que le kirpan a sa place dans tous les parlements du Canada, incluant celui du Québec.

M. Ignatieff s'est ainsi porté à la défense des députés et des représentants de la communauté sikhe qui veulent porter sur eux leur kirpan, un poignard qui est un symbole religieux.

«Oui, oui, pour moi c'est clair. C'est une question de tolérance, de liberté religieuse. Tout Canadien a le droit d'avoir accès aux lieux démocratiques et parlementaires. C'est clair pour moi. C'est une question d'accès universel aux lieux de la démocratie», a-t-il tranché.

M. Ignatieff a été interrogé à ce sujet jeudi, à Montréal, après qu'il eut pris la parole devant le Regroupement des jeunes chambres de commerce.

Plus tôt cette semaine, quatre représentants de la communauté sikhe ont quitté le parlement de Québec après avoir refusé de laisser leur kirpan en consigne au service de sécurité, comme on les invitait à le faire. Ils venaient pour témoigner en commission parlementaire concernant un projet de loi sur le port du voile intégral dans la fonction publique québécoise.

Selon M. Ignatieff, la question du port du kirpan n'en est pas une de sécurité. «Non, pas du tout, pas du tout. Et c'est une question déjà réglée par la Cour suprême. Ce n'est pas une arme, le kirpan, c'est un insigne religieux. Il faut le respecter», a-t-il lancé.

Au lendemain de l'incident du parlement de Québec avec des représentants de la communauté sikhe, la députée bloquiste Claude DeBellefeuille a fait savoir qu'elle ramènerait ce débat sur le kirpan devant le parlement canadien, en soumettant la question au Bureau de la régie interne des Communes. Elle souhaite que la règle soit la même aux parlements de Québec et d'Ottawa.

Contrairement à M. Ignatieff, la députée bloquiste croit qu'il s'agit là d'une question de sécurité, non de liberté de croyance religieuse.

M. Ignatieff a déploré la volonté de la députée du Bloc québécois de relancer le débat sur le port du kirpan au parlement. «Je regrette les propositions du Bloc sur ces sujets-là», a-t-il laissé tomber.

Actuellement, à Ottawa, le kirpan est autorisé dans les édifices de la colline parlementaire parce qu'il est considéré comme un symbole religieux. Les autres types de couteaux et objets tranchants, comme ceux qui sont interdits à bord des avions, ne sont cependant pas autorisés.