Un an jour pour jour après un vote crucial à la Chambre des communes ordonnant au gouvernement de remettre aux parlementaires les documents non censurés concernant les détenus afghans, le dossier n'a aucunement progressé, a déploré jeudi le chef du NPD, Jack Layton.

Le 10 décembre 2009, les députés de l'opposition pensaient avoir réussi à forcer les conservateurs de Stephen Harper à rendre publics des documents qui devaient démontrer ce que savait le gouvernement à propos du sort réservé aux prisonniers remis par le Canada aux autorités afghanes.

Mais il a fallu attendre une décision historique du président de la Chambre, Peter Milliken, en avril 2010, pour que le gouvernement soit reconnu coupable d'avoir porté atteinte aux privilèges parlementaires de l'opposition en refusant d'obtempérer à l'ordre du mois de décembre.

Pour y remédier, et afin de consulter les documents non censurés sans risquer de nuire à la sécurité nationale, un groupe de parlementaires a été mis sur pied en juin dernier pour passer à travers les milliers de pages d'information. Les néo-démocrates n'y avaient pas de représentant: ils avaient claqué la porte, jugeant que l'entente entre les différents partis muselait les députés de l'opposition.

«Un an plus tard, on n'est pas plus près de connaître la vérité, a souligné M. Layton. C'est une insulte pour les Canadiens. Ils ont le droit de savoir ce que le gouvernement savait.»

Un «cirque»

Le NPD demande au Parti libéral et au Bloc québécois de «mettre fin à ce cirque», de retirer leurs députés de ce comité ad hoc et d'appuyer la demande des néo-démocrates, qui souhaitent une enquête publique.

«Tout ce processus a imposé la loi du silence à deux partis de l'opposition», a déploré le critique du NPD en matière de défense, Jack Harris.

Faux, rétorquent libéraux et bloquistes. «Si ça ne se passe pas bien, ils (les députés) ont le droit de parler du processus, s'il y a eu par exemple une obstruction de la part du gouvernement ou s'ils constatent à un moment donné la mauvaise foi», a soutenu le critique libéral en matière de défense, Dominic Leblanc, qui estime que les travaux du comité progressent bien.

D'ailleurs, les premiers documents devraient être déposés en janvier, a assuré le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. «Je n'ai pas les détails, mais un nombre imposant de documents vont être rendus publics», a-t-il ajouté.