À la lumière de nouvelles révélations sur des entrepreneurs en construction ayant contribué à la caisse conservatrice, le Bloc québécois réclame une enquête publique sur les liens entre les contrats de rénovation du Parlement et le financement du Parti conservateur.

Le Bloc a révélé hier qu'en plus de Paul Sauvé, dont l'entreprise avait obtenu un contrat de 9 millions de dollars pour la réhabilitation de l'édifice de l'Ouest, trois autres entrepreneurs liés à des contrats sur la colline parlementaire auraient contribué à la caisse du Parti conservateur le 22 janvier 2009, soit le jour même d'un cocktail de financement des conservateurs à Montréal.

L'actuel ministre des Ressources naturelles, Christian Paradis, qui était à l'époque responsable des Travaux publics, était présent à titre de représentant du gouvernement, et a même félicité M. Sauvé, l'organisateur de la soirée, pour l'obtention du lucratif contrat gouvernemental.

Plus tôt cette semaine, une enquête de Radio-Canada et du quotidien The Globe and Mail a révélé que la Gendarmerie royale du Canada enquêtait sur ce contrat obtenu en mai 2008 par M. Sauvé, qui aurait payé 140 000$ au militant conservateur Gilles Varin, afin de faire avancer son dossier. Or, M. Varin n'était pas enregistré au registre des lobbyistes. M. Sauvé a finalement perdu le contrat après avoir déclaré faillite en 2009.

«Ça fait plusieurs faits qui sont troublants et je pense que le gouvernement devrait prendre ça plus au sérieux», a estimé le leader parlementaire bloquiste, Pierre Paquette.

Avec toutes ces révélations, le Bloc québécois craint qu'il existe une forme de mécanisme de «retour d'ascenseur». «On voit se mettre en place un système où on donne des contrats et on s'attend à recevoir des dons», a expliqué M. Paquette.

À la Chambre des communes, la version du ministre Paradis a changé ces derniers jours. Ayant d'abord nié catégoriquement avoir discuté d'«affaires ministérielles» avec M. Sauvé lors du cocktail de financement, il a admis hier qu'il avait félicité l'entrepreneur pour l'obtention du lucratif contrat.

«Jamais je ne parle de contrat avec les individus en question lorsque je suis en public, a-t-il toutefois précisé. Lorsqu'ils me disent qu'ils font affaire avec le gouvernement fédéral, je peux les féliciter, mais je suis clair, dans ce cas-là, comme dans tout autre cas, je ne parle jamais de contrat.»

M. Paradis a par ailleurs rappelé à l'opposition qu'il était devenu ministre des Travaux publics en juin 2008, soit après l'octroi du contrat.

Qu'à cela ne tienne, l'opposition a réitéré, hier, qu'il était impératif de faire la lumière sur la question.

«Il y a eu toutes sortes d'allégations de trafic d'influence, de soumissions truquées et de retour d'ascenseur et ce sont des choses très sérieuses», a dit le leader parlementaire du Parti libéral, David McGuinty.

Pour le député du NPD Pat Martin, il est surprenant que le ministre Paradis n'ait pas encore été contraint de démissionner, après toute cette controverse.

«Il semble que le mot se soit propagé que si on veut faire des contrats de construction sur la colline du Parlement, on doit garnir les coffres du Parti conservateur», s'est insurgé M. Martin.

Le Bloc québécois déposera, au retour du congé parlementaire, une motion pour entreprendre une étude «sur les allégations d'ingérence et de lobbying dans le processus d'octroi des contrats du ministère des Travaux publics».