Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, et le leader du NPD, Jack Layton, ont nié avec véhémence mercredi que des pourparlers aient lieu dans le but de créer une nouvelle formation politique de gauche capable d'affronter les conservateurs de Stephen Harper aux prochaines élections.

M. Ignatieff, qui tente depuis plusieurs jours de tuer dans l'oeuf cette idée d'une fusion avec le NPD, a qualifié de «ridicule» l'information relayée mardi soir par la CBC selon laquelle il y avait des discussions entre des émissaires influents des deux partis.

«Toute cette discussion au sujet de la fusion des partis est ridicule. Cela n'a pas d'allure. Je suis fier d'être libéral. Nous sommes tous fiers d'être des libéraux. C'est hors de question. Nous sommes là pour former un gouvernement libéral», a affirmé M. Ignatieff à l'issue d'une réunion de son caucus.

Le chef libéral était entouré des députés Bob Rae et Dominic LeBlanc, qui avaient posé leur candidature à la direction du parti avant de se désister au profit de M. Ignatieff.

«Science-fiction»

M. Layton a pour sa part qualifié de «science-fiction» l'idée que le NPD envisage de fusionner avec le Parti libéral afin de battre le Parti conservateur au prochain scrutin.

«La fusion, c'est une fiction (...). Pour avoir une discussion, on doit avoir deux côtés, deux participants, et on ne l'a pas», a déclaré M. Layton. Il a aussi rappelé que M. Ignatieff quelques semaines après avoir pris les commandes du PLC, avait tué le projet de coalition des libéraux avec le NPD conclu en décembre 2008.

Aux Communes, M. Layton a aussi affirmé que la seule coalition qui existe dans la capitale fédérale est celle des conservateurs et des libéraux, puisque ces derniers ont permis l'adoption de nombreuses initiatives du gouvernement Harper, dont le budget cette semaine.

Chrétien blâmé en privé

En privé, des libéraux influents blâment sévèrement l'ancien premier ministre Jean Chrétien d'avoir lancé cette idée lors du dévoilement de son portrait officiel sur la colline parlementaire, le mois dernier.

«Si c'est faisable, faisons-le», a affirmé Jean Chrétien dans une entrevue accordée à CBC.

«Les libéraux s'opposent très majoritairement et très farouchement à cela. Ce serait la fin du Parti libéral. Les gens sont furieux contre Jean Chrétien pour avoir lancé cette idée. Comment a-t-il pu dire une telle chose ?» a confié à La Presse un libéral influent.

Le réseau anglais de Radio-Canada a rapporté mardi soir que des discussions seraient en cours entre des stratèges des deux formations dans le but de fusionner le PLC et le NPD.

CBC a cité le militant libéral bien connu Warren Kinsella, qui a travaillé de très près avec les libéraux lors des victoires électorales de Jean Chrétien en 1993 et 1997.

M. Kinsella avait repris du service au bureau de M. Ignatieff en tant que stratège au cours des derniers mois, mais il a été renvoyé après l'embauche de Peter Donolo comme chef de cabinet.

Sentant que sa crédibilité était remise en cause par les libéraux, M. Kinsella a fait parvenir une déclaration sous serment à CBC en fin de journée mercredi dans laquelle il maintient ses propos et affirme que c'est le président du Parti libéral, Alfred Apps, qui lui a confié, le 11 mai dernier, que des pourparlers entre les deux partis avaient lieu et que deux néo-démocrates influents, Ed Broadbent et Roy Romanow, étaient fort intéressés par cette idée. Mais M. Apps a tout nié mercredi soir.