Un nouveau bras de fer oppose les conservateurs et les trois partis de l'opposition depuis que le gouvernement Harper a décrété que seuls les ministres - et non plus leurs adjoints - comparaîtront dorénavant devant les comités parlementaires.

Cette nouvelle directive, annoncée dimanche par le directeur des communications de Stephen Harper, Dimitri Soudas, au cours d'une entrevue accordée au réseau CTV, a soulevé l'ire des trois partis de l'opposition.

Elle a notamment eu pour effet de dispenser M. Soudas de témoigner devant un comité parlementaire afin de s'expliquer sur les allégations d'ingérence dans les demandes d'accès à l'information.

En lieu et place, c'est le ministre des Transports, John Baird, responsable de la Loi sur l'accès à l'information, qui s'est présenté devant les membres du comité.

Leader du gouvernement en Chambre, le ministre Jay Hill a déclaré hier: «Nous, les ministres, sommes redevables devant le Parlement et ses comités. Ce sont les ministres qui décident des politiques et ce sont les ministres qui doivent les défendre devant la Chambre et, ultimement, devant le peuple du Canada.»

Libéraux, bloquistes et néo-démocrates ont accusé le gouvernement Harper de miner la démocratie et de se moquer du Parlement.

Ils ont aussi affirmé que deux ministres, dont celui des Ressources naturelles, Christian Paradis, ont récemment refusé de témoigner devant un comité parlementaire.

«C'est une autre politique du secret de ce gouvernement pour ne pas rendre des comptes, pour étouffer la transparence, pour museler tous les adjoints qui travaillent pour le premier ministre et les ministres. (...) L'arrogance et l'hypocrisie (de ce gouvernement) est à couper le souffle», a lancé le libéral Ralph Goodale.

«La logique conservatrice est totalement contradictoire: plus on est proche du pouvoir, moins on est imputable. C'est exactement ce qu'on voit dans cette déclaration et ce n'est malheureusement que le dernier stratagème du gouvernement conservateur pour ne pas rendre de comptes. À nouveau, c'est un mépris incroyable face aux besoins du Parlement, à ses pouvoirs et à la démocratie», a affirmé le bloquiste Pierre Paquette.

Les conservateurs ont riposté en affirmant que les partis de l'opposition convoquaient des adjoints de ministres pour les«intimider» et pour se livrer à des «interrogatoires au hasard» dans le but de se faire du capital politique.

«Si vous avez un problème avec un ministre ou le premier ministre, vous n'avez qu'à vous en prendre à ce ministre et non pas à ses adjoints. N'essayez pas d'intimider les adjoints, de les convoquer ici pour les soumettre à des interrogatoires hostiles», a affirmé le ministre John Baird.

Le premier ministre Stephen Harper a pour sa part affirmé que cette décision respecte le principe de la responsabilité ministérielle. «Les ministres sont responsables à la Chambre des communes et nos employés doivent nous rendre des comptes», a-t-il dit en réponse à une question du chef du NPD, Jack Layton.

Ce dernier bras de fer intervient moins de deux semaines après que le gouvernement conservateur et les partis de l'opposition eurent réglé un différend de six mois au sujet de la publication de documents secrets sur les détenus afghans.