Le ministre des Affaires étrangères du Canada, Lawrence Cannon, a fustigé Gilles Duceppe pour avoir comparé la souveraineté du Québec à un mouvement de «résistance», un terme généralement associé aux efforts de l'Europe pour se libérer de l'emprise des nazis.

M. Duceppe a fait cette comparaison samedi devant 300 militants qui étaient réunis en conseil général pour souligner les 20 ans d'existence du Bloc québécois.

«Pour le moment, nous sommes des résistants. Mais les résistants d'hier seront les vainqueurs de demain. Vive le Québec souverain!», avait lancé le chef du Bloc à la fin de son allocution de plus de 35 minutes.

En entrevue à La Presse Canadienne, dimanche, Lawrence Cannon a qualifié ces propos de plus «ridicules» qu'il n'ait jamais entendus venant d'un souverainiste en 20 ans.

Ottawa souhaite désormais que le chef du Bloc québécois fournisse des explications. M. Cannon a d'ailleurs exhorté M. Duceppe à profiter de la première opportunité pour clarifier sa déclaration.

Le ministre a qualifié ces propos d'«outrageux» et de «désespérés».

«J'espère que M. Duceppe ne sous-entend pas d'aucune façon que le gouvernement canadien a des tendances qui ressemblent à celles d'un gouvernement nazi», a dit Lawrence Cannon.

«Il n'y a pas de répression économique au Canada, il n'y a pas de répression politique au Canada. Il n'y a rien du genre», a-t-il poursuivi.

Plus tard en point de presse, M. Duceppe s'était toutefois défendu d'établir un parallèle entre le mouvement souverainiste québécois et la Résistance française contre le joug nazi. Il a dit s'inspirer d'un texte du défunt intellectuel et syndicaliste Pierre Vadeboncoeur.

Il a néanmoins affirmé que la souveraineté du Québec ne sera possible qu'avec le travail des résistants, comme ce fut le cas pour la France libérée en 1944.

«La souveraineté du Québec pas plus que la Libération, n'est possible, n'eut été possible, sans le travail des résistants», a-t-il soulevé. Il a également précisé que la Résistance française ne convoquait pas de conférence de presse.

La porte-parole du Bloc québécois, Karine Sauvé, a indiqué dimanche que Gilles Duceppe maintenait ce qu'il avait dit.