Le Parti libéral a passé une partie de la journée d'hier à repousser les attaques du gouvernement Harper, selon lequel les partis de l'opposition laissent tomber les militaires au profit de l'esprit partisan dans le dossier du transfert des détenus en Afghanistan.

«Jamais nous n'avons attaqué l'intégrité des Forces armées canadiennes, a lancé le chef libéral Michael Ignatieff à la Chambre des communes. La question porte sur la conduite du gouvernement. La question est de savoir si les conservateurs disent la vérité aux Canadiens. La question est de savoir s'ils ont caché des allégations de torture pendant 18 mois.»Le commentaire de M. Ignatieff suivait une conférence de presse donnée par ses porte-parole dans le dossier, les députés Bob Rae et Ujjal Dosanjh. Les libéraux réagissaient entre autres à la sortie de Stephen Harper à Trinité-et-Tobago samedi. Sur un bateau de la Défense canadienne, le premier ministre a lancé un message d'appui aux militaires qui s'y trouvaient, décochant au passage une flèche à ses adversaires.

«À une époque où certains dans l'arène politique n'hésitent pas avant de lancer les allégations les plus sérieuses à nos hommes et nos femmes en uniforme, basées sur les preuves les plus minces, souvenez-vous que les Canadiens d'un océan à l'autre sont fiers de vous et vous appuient, et que je suis fier de vous, et je me tiens à vos côtés», a déclaré M. Harper.

«Quand le gouvernement s'excusera-t-il d'avoir utilisé un destroyer comme toile de fond pour une annonce politique partisane?» a tonné le chef libéral Michael Ignatieff à la période de questions, hier après-midi.

«Il n'est pas question dans cette affaire de l'intégrité des soldats canadiens, a lancé Bob Rae lors de son point de presse, quelques heures plus tôt. C'est l'activité du cabinet, c'est l'activité politique du gouvernement, ce qu'ils savaient.»

Libéraux, bloquistes et néo-démocrates ont continué à réclamer une enquête publique dans le dossier, de même que la divulgation des documents pertinents, dont les notes de service rédigées par le diplomate Richard Colvin.

C'est le témoignage de ce diplomate haut placé qui se trouvait en Afghanistan de mai 2006 au printemps 2007 qui a mis le feu aux poudres, il y a une dizaine de jours. Au comité parlementaire spécial chargé d'étudier la question, M. Colvin a déclaré que les détenus transférés par les soldats canadiens aux autorités afghanes avaient sans doute été torturés et que ses supérieurs avaient ignoré ses mises en garde à ce sujet.

Harper snobé par Obama?

Le premier ministre Stephen Harper n'était pas sur la liste d'appel du président américain, Barack Obama, qui a entrepris hier de prendre contact avec des pays alliés comme la Chine, la France, l'Italie, la Russie, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Inde et la Pologne pour les mettre au parfum de ses plans d'avenir pour l'Afghanistan. M. Harper devra se contenter d'une conversation avec le vice-président américain, Joe Biden. Dans un discours à l'académie militaire de West Point ce soir, M. Obama doit annoncer son intention d'envoyer des troupes supplémentaires, possiblement jusqu'à 35 000, dans le pays d'où le premier ministre canadien a promis de retirer les siennes d'ici la fin de l'année 2011. En entrevue à CTV, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a déclaré qu'Ottawa n'était pas du tout «vexé» par cette approche diplomatique et qu'il avait lui-même pu parler à sa vis-à-vis américaine, Hillary Clinton.