Les avertissements des conservateurs voulant que des élections générales puissent faire dérailler la reprise de l'économie sont accueillis avec dérision par les partis d'opposition, et scepticisme par des économistes.

Le premier ministre Stephen Harper a intensifié ses attaques contre le Parti libéral du Canada, mercredi, réitérant que des élections mineraient, selon lui, la relance économique.

Plus tôt cette semaine, son ministre des Transports, John Baird, a sonné l'alarme en deux différentes occasions, affirmant qu'un scrutin risquerait d'entraîner des délais dans des projets d'infrastructures alimentant la reprise économique.

Mais les porte-parole libéral et néo-démocrate en matière de finances ont rejeté ces avertissements.

«Quel culot, venant de Stephen Harper qui a déclenché les dernières élections en pleine récession», a déclaré le libéral John McCallum, un ancien économiste en chef de la Banque Royale.

Pour sa part, le néo-démocrate Thomas Mulcair a affirmé que si des élections étaient déclenchées, Stephen Harper en serait responsable, car il aura refusé de coopérer avec les partis de l'opposition.

De leur côté, des économistes ne se sont pas inquiétés des conséquences d'éventuelles élections générales sur l'économie du pays.

«L'économie canadienne est la somme d'un grand nombre de décisions prises par des investisseurs, des entreprises et des consommateurs de partout au Canada», aux Etats-Unis et ailleurs, a dit Finn Poschmann, du C.D. Howe Institute. «Alors, la situation de l'économie dépendra probablement davantage (de bien d'autres facteurs) que de ce qui se passe dans l'arène politique fédérale.»

L'économiste en chef de la Banque TD, Don Drummond, a expliqué qu'une baisse des dépenses des ministères, plus particulièrement des dépenses discrétionnaires, était observée au cours des campagnes électorales et durant de plus longues périodes lors de l'entrée en scène d'un nouveau gouvernement.

M. Drummond a toutefois ajouté que les impacts d'un scrutin seraient minimes sur les 12 milliards $ consacrés aux infrastructures et destinés à contrer la récession, si impacts il devait y avoir.

«(Un scrutin) ne nuirait qu'aux dépenses en infrastructures n'ayant pas encore été approuvées, mais une bonne part des dépenses auront déjà reçu l'approbation, comme le (gouvernement) l'a indiqué dans son plus récent rapport», a dit M. Drummond, lui-même un ancien représentant d'un ministère des Finances.

«Dès l'approbation du cabinet, les fonctionnaires peuvent mettre tout cela en marche.»