Le premier ministre Stephen Harper voit quelques fissures apparaître dans le projet de coalition conçu par le Parti libéral et le NPD et soutenu par le Bloc québécois.

Contraint de suspendre les travaux du Parlement en décembre afin d'empêcher la coalition de défaire son gouvernement, M. Harper a affirmé la semaine dernière dans une entrevue accordée à une station de radio de Calgary que les membres de cette coalition parlent de moins en moins d'une seule voix depuis l'arrivée de Michael Ignatieff à la tête des libéraux.

 

À preuve, a dit Stephen Harper, le chef libéral réclame des baisses d'impôts pour les moins bien nantis dans le prochain budget du ministre des Finances, Jim Flaherty, alors que le chef du NPD, Jack Layton, et le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'opposent farouchement à une réduction des impôts.

Le ministre Flaherty, pour stimuler la consommation et relancer l'économie, a évoqué l'idée de réduire temporairement les taxes ou les impôts dans son prochain budget, qui déterminera le sort du gouvernement minoritaire conservateur.

Trois voix

«J'ai remarqué au cours des derniers jours que les membres de la coalition ne parlent pas vraiment comme une coalition. M. Ignatieff fait campagne en disant que les baisses des impôts devraient faire partie du budget. M. Duceppe affirme que les réductions des taxes ne doivent pas être dans le budget, et M. Layton a épousé les deux positions au cours des dernières semaines. Sur plusieurs enjeux nationaux et internationaux, la coalition semble avoir trois voix plutôt qu'une!» a dit M. Harper à l'animateur de radio Dave Rutherford.

Durant l'entrevue, M. Harper a aussi donné l'exemple du conflit entre Israël et le Hamas, qui a fait plus de 1000 morts du côté des Palestiniens seulement. Le premier ministre a soutenu que le Parti libéral de Michael Ignatieff avait adopté une position comparable à celle de son gouvernement, résolument en faveur du droit d'Israël de se défendre contre les tirs de roquettes du Hamas, tandis que le NPD et le Bloc québécois n'hésitent pas à critiquer l'offensive militaire d'Israël.

Le premier ministre aurait aussi pu ajouter à cette liste la création d'une commission nationale des valeurs mobilières, une mesure à laquelle tient mordicus son gouvernement. Le chef libéral, tout comme la majorité des députés libéraux, s'est déjà prononcé formellement pour, tandis que les députés du NPD et du Bloc québécois ont dénoncé une telle mesure dans le passé.

Le gouvernement Harper va déposer un budget qui contiendra de nombreuses mesures, à la hauteur de 30 milliards de dollars, pour faire face à a la crise économique. «Je ne peux rien tenir pour acquis. Nous sommes minoritaires au Parlement. Mais je pense que la population veut que nous agissions (pour combattre les effets de la récession). (...) Beaucoup des choses qu'évoque M. Ignatieff ressemblent à ce que dit M. Flaherty», a affirmé M. Harper.