Les maires des grandes villes canadiennes sont sortis inquiets de leur réunion avec le ministre des Transports, John Baird, hier à Ottawa.

Cette fois-ci, ce n'est pas le combien, c'est plutôt le comment: Gérald Tremblay et ses homologues craignent que les critères d'octroi des milliards de dollars destinés aux projets d'infrastructures, qui devraient être inclus dans le budget fédéral attendu le 27 janvier, ne permettent pas suffisamment de souplesse pour que les villes mettent leurs projets en chantier rapidement.

À la demande du gouvernement Harper, qui souhaite stimuler l'économie notamment par des investissements dans les infrastructures, la Fédération canadienne des municipalités a présenté cette semaine une liste de plus de 1000 projets prêts à démarrer à court terme, moyennant des investissements de plus de 13 milliards de dollars.

Pour accélérer le processus, les maires recommandent au fédéral de copier la formule de la remise de la taxe sur l'essence, qui leur donne une large discrétion et n'exige de reddition de compte qu'après l'utilisation des fonds.

Or, pour ce point comme pour d'autres, les maires auraient souhaité que les nombreux ministres fédéraux qu'ils ont rencontrés depuis quelques semaines précisent davantage leurs intentions. Tout indique que le ministre des Transports, John Baird, qu'ils ont rencontré hier, à 10 jours du dépôt du budget, ne semble pas les avoir éclairés davantage.

«Il y a eu des indications qui nous ont laissé certains doutes quant à la flexibilité qui sera permise dans le système», a même confié à La Presse le président de la rencontre et maire de la ville de Kitchener en Ontario, Carl Zehr.

«On n'a pas de rétroaction immédiate, s'est quant à lui plaint le maire de Montréal, Gérald Tremblay. Ils nous disent : oui, on va investir beaucoup dans les infrastructures. Ça, je pense que le message est bien entendu. Mais ils ne nous disent pas dans quel contexte et comment ils vont le faire et comment nous, on va avoir accès à ce financement.»

Selon M. Tremblay, qui à lui seul réclame 1,17 milliard du fédéral, il serait inacceptable que le gouvernement Harper demande aux villes et aux provinces de payer chacune le tiers des projets financés par Ottawa. «Si les gouvernements arrivent avec un autre projet un tiers, un tiers, un tiers, c'est impossible : parce que la capacité de payer des villes, on l'a déjà exploitée au maximum», a déclaré M. Tremblay.

«Alors ce que l'on dit au gouvernement, c'est : mettez en place un programme dont les critères vont être définis ; dites-nous avant le budget comment vous allez établir ces critères et partant de là, faites-nous confiance», a-t-il poursuivi.

«En d'autres mots, a conclu le maire de Montréal: donnez-nous l'argent le plus rapidement possible et on va créer des emplois.»