Le refus du gouvernement Harper de rapatrier Omar Khadr de la base de Guantanámo Bay soulève la grogne d'un océan à l'autre. Un nouveau sondage révèle qu'un Canadien sur deux ne croit pas que le jeune Canadien devrait faire face à la justice des controversées commissions militaires américaines. Au Québec, la désapprobation atteint 58%.

Seulement 30% des gens interrogés dans le cadre de l'étude réalisée par la firme Environics entre le 24 septembre et le 21 octobre - en pleine période électorale - ont estimé que le gouvernement conservateur a raison de laisser le jeune Khadr à son sort.

 

La position du gouvernement canadien dans le dossier d'Omar Khadr n'est cependant pas le seul volet de la politique étrangère récente à créer du mécontentement d'un océan à l'autre, mais tout particulièrement au Québec, apprend-on grâce à cette étude commandée par la Fondation Trudeau et l'Institut québécois des hautes études internationales. Les résultats de ce sondage, rendus publics hier, nourriront les débats d'un colloque de trois jours qui débute ce soir à Montréal et qui traitera de la place changeante du Canada dans le monde.

Selon l'étude, 56% des 2023 répondants croient que les autorités du pays font fausse route en renvoyant aux États-Unis les déserteurs de l'armée américaine. Un Canadien sur deux est aussi déçu de la décision des conservateurs de se retirer de l'entente de Kyoto, alors que 40% l'approuvent.

Sur d'autres questions, les Canadiens sont partagés. Si 46% croient que Stephen Harper aurait dû se présenter à la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin, 40% pensent que le premier ministre a pris la bonne décision en restant chez lui.

«Le sondage nous permet de voir que les Canadiens ne s'entendent pas sur la mise en oeuvre de la politique internationale. Dans beaucoup de questions, on voit deux minorités fortes qui s'opposent l'une à l'autre», notait hier Pierre-Gerlier Forest, président la Fondation Trudeau, hôte du colloque.

Les statistiques démontrent aussi que les Québécois ont en général une moins bonne opinion de la politique étrangère actuelle que le reste du pays. «Ce n'est pas très surprenant. En général, quel que soit le conflit ou l'engagement international dont il est question, le Québec a toujours 10% de plus de réponses pacifistes», explique Louis Bélanger, directeur de l'Institut québécois des hautes études internationales de l'Université Laval.

Le Canada en perte de vitesse

Les opinions des répondants du Québec se retrouvent cependant dans la moyenne nationale sur certaines questions, dont notamment, l'influence du Canada dans le monde. Selon le sondage, 51% des Canadiens et 52% des Québécois croient que le Canada a perdu du galon sur la scène internationale, contre 40% des Canadiens et 37% des Québécois qui estiment que la fleur d'érable rayonne davantage à l'étranger.

«Cette question est intéressante. Il semble que la majorité des Canadiens pensent la même chose que les experts sur la question. Jean le Plombier voit que le Canada est de plus en plus identifié à l'agenda sécuritaire américain. L'image de bon gars humanitaire du Canada en a pris pour son rhume», a commenté hier le politologue Charles-Philippe David, professeur à l'Université du Québec à Montréal.