Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) déclenche une enquête sur le dépouillement du vote dans Gaspé, où tous les bulletins valides d'une urne électorale avaient été étrangement attribués au candidat libéral le 1er octobre.

Ce soir-là, le libéral Alexandre Boulay avait été déclaré gagnant, par une majorité de 132 voix. Or, le Parti québécois (PQ) a demandé un dépouillement judiciaire. Revirement de situation : sa candidate Méganne Perry-Mélançon a finalement été déclarée élue mercredi soir. Sa majorité est de 41 voix.

Le chef intérimaire du PQ, Pascal Bérubé, célébrera cette victoire dimanche dans le quartier Wakeham de Gaspé, là où se trouvait la mystérieuse urne 61 au centre de la controverse.

Les 194 bulletins valides de cette urne avaient été attribués à Alexandre Boulay lors du dépouillement tenu le soir du scrutin. Cette situation plutôt intrigante de même que la faible majorité libérale étaient à l'origine de la demande de dépouillement judiciaire faite par le PQ. Des électeurs qui avaient remis leur bulletin dans l'urne 61 ont signalé au PQ avoir bel et bien voté pour lui le 1er octobre. La cour a finalement constaté que les votes de l'urne 61 n'avaient pas été bien comptabilisés.

Méganne Perry-Mélançon dit n'avoir aucun indice laissant croire à une tentative de truquer le résultat du scrutin.

« Mais cette situation-là a soulevé beaucoup de questionnements sur le système électoral. Pour arriver à rassurer complètement la population, il faudra que le Directeur général des élections aille jusqu'au bout de cette histoire. » - Méganne Perry-Mélançon

Dans un communiqué, jeudi, le DGEQ, Pierre Reid, a justement annoncé le déclenchement d'une enquête « afin de faire toute la lumière sur le dépouillement du vote dans la circonscription de Gaspé ».

« Des questions sont soulevées depuis le dépouillement judiciaire tenu [mercredi] au palais de justice de Gaspé. D'abord et avant tout, je compte bien obtenir les réponses à ces questions et, à la lumière des faits établis, entreprendre les actions nécessaires. L'intégrité du processus électoral constitue la base de notre système électoral et exige que nous agissions avec rigueur et célérité », a-t-il soutenu.

Il a précisé que « chacune des étapes du dépouillement [...] dans Gaspé sera[it] passée en revue de manière à obtenir des éclaircissements et à apporter les correctifs appropriés ». Un rapport fera état des conclusions de l'enquête et sera rendu public.

DE 30 À 29 DÉPUTÉS

Quelques minutes avant l'annonce du DGEQ, le chef intérimaire du PLQ, Pierre Arcand, disait ne pas voir la nécessité de demander une enquête et s'attendait de toute façon à ce que M. Reid apporte éventuellement des « éclaircissements ». « Est-ce que c'est une erreur de bonne foi, ou est-ce qu'il y a autre chose ? De toute façon, le résultat est là, il est devant nous, et il faut passer à autre chose », a-t-il affirmé en marge de la dernière réunion du Conseil des ministres du gouvernement Couillard.

Le PLQ passe ainsi de 30 à 29 députés. « Nous, on croyait qu'Alexandre Boulay représentait la relève pour notre parti, une des figures fortes en région. C'est sûr que c'est très décevant. Mais encore une fois, c'est ça, le choix des électeurs, et il faut le respecter », a commenté M. Arcand. Il envisage de confier à M. Boulay un « rôle actif » au sein du parti.

De son côté, le PQ compte maintenant 10 députés, le même nombre que Québec solidaire (QS). Il a toutefois obtenu une proportion plus importante des voix que QS le 1er octobre (17 % contre 16 %).