Rembourser la dette et réduire les impôts des contribuables. Voilà les politiques budgétaires auxquelles devrait s'astreindre le gouvernement Harper une fois qu'il aura éliminé le déficit en 2015 et qu'il commencera à engranger des surplus, estime une forte majorité de Québécois.

Un sondage CROP réalisé pour le compte de La Presse démontre qu'une proportion importante de Québécois accorde la priorité absolue au remboursement de la dette accumulée, qui atteindra 623 milliards de dollars en 2014-2015, dernier exercice financier déficitaire avant le retour à l'équilibre. Avant la crise économique de 2008, la dette accumulée s'élevait à 457 milliards.

Cette option recueille l'appui de 41% des répondants, tandis que la réduction des impôts est vue comme la priorité de 36% des Québécois.

Fait intéressant, seulement 23% des Québécois croient que la priorité du gouvernement fédéral devrait être d'investir dans les programmes sociaux.

L'idée d'utiliser les éventuels surplus pour rembourser la dette est la plus populaire même chez les électeurs qui appuient les partis dits progressistes. Ainsi, 45% des électeurs qui comptent voter pour le NPD estiment que cela doit être la priorité, presque autant que la proportion des électeurs (46%) qui disent appuyer le Parti conservateur. Chez les électeurs bloquistes, ils sont 40% à croire que c'est la meilleure option, contre 38% chez les électeurs qui affirment être prêts à voter pour le Parti libéral.

Les Québécois d'allégeance libérale sont davantage convaincus qu'il faut d'abord et avant tout réduire les impôts (45%), soit une proportion supérieure aux électeurs acquis au Parti conservateur (36%), au NPD (31%) et au Bloc québécois (28%).

Enfin, ce sont les partisans du Bloc québécois qui, dans une plus forte proportion, aimeraient qu'Ottawa utilise les surplus qui pointent à l'horizon pour investir dans les programmes sociaux (32%). Il n'y a que 24% d'électeurs néo-démocrates qui partagent cet avis et encore mois d'électeurs libéraux et conservateurs (18% dans les deux cas).

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a annoncé il y a deux semaines qu'Ottawa est sur la bonne voie pour éliminer son déficit en 2015, date prévue des prochaines élections. Selon ses calculs, le premier surplus en sept ans devrait friser les 3,7 milliards de dollars. Il pourrait même atteindre 6,7 milliards si le gouvernement fédéral n'a pas recours au coussin financier de 3 milliards qu'il se donne maintenant chaque année afin de parer aux chocs économiques imprévus, comme les inondations qui ont frappé l'Alberta cet été.

Ces surplus devraient servir à financer plusieurs promesses formulées par les conservateurs de Stephen Harper durant la campagne électorale de 2011 qui étaient conditionnelles au retour à l'équilibre budgétaire, notamment la possibilité pour les couples ayant des enfants de moins de 18 ans de fractionner leurs revenus afin de réduire leurs impôts (2,7 milliards) et la hausse du plafond de cotisation à un CELI à 10 000$ par année (30 millions).

Selon Youri Rivest, de la firme CROP, les Québécois sont davantage préoccupés par les questions d'endettement depuis la crise économique de 2008. «En ce moment, il y a vraiment une préoccupation face à la dette. C'est une tendance que l'on voit qui augmente depuis deux ou trois ans. La récession de 2008 a quand même frappé l'imaginaire par son ampleur. Aussi, les gens ont une plus grande préoccupation face à leur endettement personnel», a dit M. Rivest.

Ce sondage a été réalisé en ligne du 13 au 17 novembre. Au total, 1000 questionnaires ont été remplis.