Il n'était pas aussi connu que son père, le réputé gastronome Gérard Delage. Toutefois, Pierre Delage a su lui aussi développer une passion pour la bonne chère. Passion qu'il a savamment transmise à titre de chroniqueur de vin et de professeur de sommellerie. Ce disciple d'Épicure s'est éteint chez lui, à Gatineau, samedi dernier. Il avait 75 ans.

Véronique Rivest, chroniqueuse de vin et sommelière réputée, a travaillé à quelques reprises avec Pierre Delage. Il y a une dizaine d'années, le duo a collaboré à la mise sur pied du cours de sommellerie à la Cité collégiale d'Ottawa, où M. Delage a enseigné.

«Son bagage familial paraissait beaucoup. Il était issu du classicisme de la gastronomie française, mais sans le côté snob. Son approche «vieille école» me plaisait beaucoup», explique Mme Rivest.

Celle qui a obtenu la deuxième place au Concours du meilleur sommelier du monde, à Tokyo en mars 2013, se souvient de Pierre Delage comme d'un homme élégant et charmeur. «C'était l'image même du gentleman, dit Véronique Rivest. Il était grand, mince, toujours vêtu élégamment. Il aimait beaucoup rire. Il avait une aisance pour s'exprimer. Il était doté d'une grande culture générale et il aimait partager ses connaissances.»

Pierre Delage se savait atteint d'un cancer de la prostate depuis 1995. Malgré plusieurs rémissions, son état s'était grandement détérioré au cours des derniers mois. Il était en phase terminale chez lui, avec sa conjointe depuis 28 ans, Lucie Dion.

Avocat de formation et membre du Barreau du Québec dès 1966, M. Delage a notamment travaillé en droit du travail pour le Conseil du Trésor du Canada. Il a également été directeur général des appels de la Commission de la fonction publique du Canada, de même qu'avocat général de la Commission des plaintes du public contre la Gendarmerie royale du Canada.

Il a cultivé sa passion pour la bonne chère toute sa vie. Son père Gérard Delage était surnommé «le prince de la gastronomie».

C'est trois ans après son diagnostic de cancer, soit à partir de 1998, que Pierre Delage a pris sa retraite du droit pour se consacrer à plein temps au monde épicurien, et plus particulièrement à l'univers du vin.

Pendant quelques années, il a été chroniqueur vin à la radio de Radio-Canada à Ottawa. Il a enseigné la sommellerie à plein temps à la Cité collégiale d'Ottawa. Il a également pris part à de nombreuses activités caritatives, notamment des enchères de vin pour la Société canadienne du cancer.

Par ailleurs, Pierre Delage a été très actif au sein de la Chaîne des rôtisseurs, une confrérie de gastronomes fondée à Paris en 1950 et qui compte des cellules (ou bailliages) un peu partout sur la planète.

Globe-trotter, Pierre Delage a visité les vignobles de partout dans le monde avec sa conjointe Lucie Dion. «Il s'intéressait à tout, dit-elle. Il aimait beaucoup recevoir. Mais il était perfectionniste. Ses invités devaient respecter un certain protocole. Il n'y avait jamais de bouteille sur la table. Et c'est lui, et lui seul, qui servait le vin. On l'appelait le gentilhomme de la renaissance.»

Outre sa conjointe, il laisse dans le deuil ses trois enfants, ainsi que ses cinq petits-fils. Pierre Delage ne sera pas exposé. Ses funérailles ont eu lieu le 26 avril à l'église St-Stephen de Chelsea, en Outaouais.