Le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal s'est engagé à envoyer une lettre à tous ses membres pour neutraliser celle que la présidente Chantal Racette leur a fait parvenir le mois dernier, les avisant de sanctions s'ils favorisaient la création d'un nouveau syndicat.

Le Tribunal administratif du travail a pris acte de cet engagement dans une décision rendue hier. « Il serait tout à fait approprié d'envoyer un tel communiqué, d'ici le début de la période de maraudage, afin que les choses soient claires », écrit le juge administratif Alain Turcotte.

Ainsi, les 6000 cols bleus devraient être prévenus que le syndicat « respectera scrupuleusement et intégralement l'ensemble des dispositions prévues au Code du travail concernant la liberté d'association des membres du SCFP-301, y compris durant la période ouverte qui aura lieu du 4 juillet au 3 août 2017 ».

« MENACES »

La situation découle d'une plainte déposée par l'Union syndicale des cols bleus de Montréal qui a été constituée à Montréal-Nord par un groupe de cols bleus dissidents. Le porte-parole Patrick Roy estime que la lettre de Mme Racette pour tenter de tuer dans l'oeuf leur initiative s'apparente à des menaces et à de l'intimidation.

Chose certaine, la lettre a eu un effet immédiat sur la campagne de sollicitation de l'Union, explique M. Roy. « Avec les menaces, dès qu'on arrivait pour parler aux gars dans les différents arrondissements, ils étaient sur le frein parce qu'ils avaient peur de se faire identifier avec nous. Quand le syndicat aura envoyé la lettre, on verra comment les gens vont réagir », a indiqué M. Roy, qui dit douter de la sincérité de la démarche.

LETTRE RETIRÉE DU SITE INTERNET

Le Tribunal administratif du travail a rejeté la plainte de l'Union étant donné que la mise sous tutelle du Syndicat des cols bleus a bousculé les choses. En effet, le tuteur a fait retirer la lettre du site internet et du compte Facebook.

L'Union syndicale avait également demandé au Tribunal, compte tenu des tensions, que soit ordonné un vote confidentiel pour le choix des cols bleus. Le Tribunal a jugé « que le remède demandé par l'Union est impossible » puisqu'aucune requête d'accréditation n'a été déposée, ce qui ne sera possible que lors du maraudage.

D'ici là, M. Roy entend bien poursuivre sa démarche pour offrir un syndicat indépendant à ses collègues. Quant au syndicat en place, il demeure sous tutelle jusqu'à nouvel ordre. La présidente, Mme Racette, a été relevée de ses fonctions tout comme les trois autres membres du comité de direction. Tous les autres directeurs élus demeurent en poste « mais sans autorité effective ».