Des membres de la communauté grecque et des militants de Québec solidaire ont manifesté devant le consulat général de Grèce à Montréal samedi en solidarité avec les partisans du non (oxi) au référendum qui se tiendra en Grèce dimanche et qui pourrait entraîner sa sortie de la zone euro

«Oxi ! Oxi !» Les quelque 150 personnes réunies au centre-ville de Montréal, à l'invitation de Québec solidaire et du Comité de solidarité avec le peuple grec, notamment, ont fait résonner leur opposition au plan d'accord économique des créanciers européens, soit le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne.

«Les Grecs sont un peuple qui a assez souffert depuis 7 ans. Franchement ça suffit», a déclaré Dimitri Roussopoulos, du Comité de solidarité avec le peuple grec.

Selon M. Roussopoulos, cet accord signifierait davantage d'austérité pour les Grecs, déjà durement touchés par les coupes dans les services et les programmes sociaux. M. Roussopoulos n'a pas hésité à qualifier les créanciers de « terroristes ».

Il souligne que le taux de chômage atteint 25 % à la grandeur du pays. La situation est encore pire pour les moins de 25 ans, une personne sur deux étant sans emploi.

«Mes cousins ont perdu leur emploi, des gens ont même perdu leur maison, et le taux de suicide a augmenté au pays», ajoute Angela Kallianiofis, une Lavalloise d'origine grecque qui participait au rassemblement. «Les gens ne veulent pas sortir de la zone euro, mais ils veulent vivre dans la dignité», ajoute-t-elle.

Les Grecs divisés

À l'image de leurs compatriotes restés en Grèce, la diaspora reste toutefois divisée face au plan d'accord. Les récents sondages donnaient une légère avance du Oui, avec 44,8 % des intentions de vote, contre 43,4 % pour le Non. «Oui, il y a division, mais on en comprendra la nature à l'issue du vote. Le référendum a été proposé par l'extrême gauche et a reçu l'appui des fascistes... allez comprendre!», affirme Roussopoulos.

D'ailleurs, au cours du rassemblement, des militants de Ligue trotskyste ont dénoncé la présence de sympathisants du groupe Aube dorée, un parti d'extrême droite qualifié de néonazi par ses détracteurs.

«Sortez les fascistes!», criaient les jeunes hommes, visiblement en colère. Amir Khadir, député de Québec solidaire, a tenté de discuter avec eux, mais en vain. Les deux trotskystes ont quitté le rassemblement devant l'insistance des manifestants. Plusieurs personnes ont affirmé avoir reconnu des sympathisants d'Aube dorée, mais aucun manifestant approché par La Presse ne s'est identifié comme tel.

Andrés Fontecilla, co-porte-parole de Québec solidaire, dit également avoir constaté des divergences d'opinions auprès de la communauté grecque. «La communauté grecque vote généralement pour le parti libéral», rappelle-t-il, avant de tracer un parallèle entre les politiques d'austérité du gouvernement du Québec et celle que l'Europe impose à la Grèce.

«Ce sont les mêmes types de politiques, la même idéologie, mais la situation est différente», précise-t-il. Selon lui, le plan d'accord des créanciers européens est particulièrement sévère, car ils chercheraient à « punir » la Grèce pour éviter toute « contagion » du marasme dans lequel il se trouve.

M. Roussopoulos souligne que la diaspora a historiquement voté pour le Parti libéral du Canada et que la situation en Grèce pourrait influer sur ses électeurs. «On voit les conséquences des politiques de la droite et je crois que la communauté pourrait reporter son vote sur le Nouveau Parti démocratique au prochain scrutin fédéral.»