L'Agence métropolitaine de transport (AMT) et le futur organisme qui prendra sa relève en 2016 devront investir un total de 90 millions pour terminer les améliorations de sécurité incendie jugées nécessaires dans le tunnel du mont Royal, utilisé quotidiennement par deux lignes de trains de banlieue.

Dans son dernier programme triennal d'immobilisations (PTI) pour les années 2015-2017, l'AMT prévoit des dépenses de 68,7 millions au cours des trois prochaines années, et de près de 9,5 millions, après 2017, pour respecter les exigences formulées il y a trois ans par le Service de sécurité incendie de la Ville de Montréal (SIM).

L'AMT a investi à ce jour près de 13 millions pour améliorer la sécurité des usagers et sa capacité d'intervenir en cas d'incendie dans ce long tunnel de cinq kilomètres, qui n'a ni sortie de secours ni système de gicleurs ou d'alimentation en eau, et qui ne disposait pas non plus d'une ventilation adéquate pour évacuer la fumée avant les travaux récents menés par l'agence.

La première phase du programme Réno-Tunnel a ainsi permis d'acquérir un véhicule sur rail pouvant intervenir rapidement en cas d'urgence. Des panneaux de signalisation ont été ajoutés, dans le tunnel, pour indiquer aux passagers la sortie la plus proche. Un «trottoir» longe aujourd'hui la voie ferrée afin de faciliter la marche en bordure des voies en cas d'évacuation du train. Les radiocommunications, en lien avec les services d'urgence, ont été améliorées, et une ventilation mobile a été mise en place pour disperser la fumée en cas d'incendie.

Pour le SIM, ces améliorations à la sécurité du tunnel étaient considérées comme «minimales» pour y permettre la libre circulation de locomotives «bimode», utilisées par l'AMT pour la nouvelle ligne de train de banlieue de Mascouche, qui traverse le tunnel depuis décembre 2014.

Ces locomotives roulent en mode électrique lorsqu'elles traversent le tunnel. Elles transportent toutefois avec elles un réservoir de carburant pouvant contenir jusqu'à 6800 litres de diesel, et ce, dans un tunnel sans sortie de secours ni protection d'incendie.

Révélée en 2011 par La Presse, cette situation avait été qualifiée de «faux débat» par le président de l'AMT à l'époque, Joël Gauthier. Il a quand même fallu un an de discussions avant que le SIM de Montréal approuve un plan d'améliorations du tunnel, en deux phases.

Le coût global de ce programme n'avait encore jamais été estimé avec précision.

Ventilation et «stations bleues»

«L'ensemble des travaux prévus dans la phase 1 a été complété avant le lancement de la ligne Mascouche, à la satisfaction du Service des incendies», a affirmé le président de l'AMT, Nicolas Girard, lors d'une entrevue récente avec La Presse.

«On travaille présentement à préparer le déploiement de la phase 2 du programme Réno-Tunnel, qui est de plus grande envergure, a-t-il ajouté. L'essentiel des travaux devrait être en cours à la fin de 2016 ou au début de 2017.»

Le budget de 90,8 millions présenté au PTI 2015-2017 «couvre l'ensemble de coûts liés au programme Réno-Tunnel, incluant les frais d'études, d'ingénierie et de réalisation, et ce, tel que connu et défini à l'étape de l'avant-projet définitif».

La phase 2 du programme prévoit l'implantation d'un système de ventilation fixe et permanent, de systèmes de détection des intrus, dans le tunnel, et de détecteurs de fumée et de chaleur situés «aux endroits stratégiques». Le programme prévoit, de plus, la mise en place de «stations bleues» à divers endroits dans ce tunnel de cinq kilomètres de longueur.

Ces stations bleues seront équipées, notamment, d'un téléphone, d'un extincteur et d'un dispositif d'alerte pour les services d'urgence. Il existe de telles stations bleues dans le métro de Montréal. Leur nom provient de la lumière bleu intense qui les éclaire, et qui est visible de loin dans l'obscurité d'un tunnel.

Selon l'AMT, les prochaines étapes seront «l'ingénierie détaillée et l'élaboration d'un dossier d'affaires», pour approbation ministérielle.

Le PTI 2015-2017 a été adopté le 28 avril dernier par le conseil d'administration de l'AMT, quelques jours seulement après que le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, a annoncé le démantèlement prochain de l'AMT et le partage de ses responsabilités actuelles entre deux nouvelles structures de gouvernance.

Comme pour refléter cette réalité, le plan de l'AMT n'annonce aucun nouveau projet de transports en commun, et donne priorité à une petite poignée de projets qui doivent être mis de l'avant afin d'assurer la pérennité des réseaux qu'elle exploite.